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#2024
être–et-ne pas être /#Charlie/ ensemble/différents
Peu après les massacres.. « Ils allaient mettre la clé sous la porte, ceux-là les ont ressuscités ». dit une kiosquière. « On n’a pas de travail pas d’argent on prend la kalach.; oui les jeunes st perdus » dit l’autre.. Chacun veut donner son sens, sa signification.
«Pourquoi?» dit une banderole à République, sous la statue. Pourquoi? Eux, ils ont dit « Allah ! » le nom de leur Dieu. Aussi : « Venger le prophète! » Inconcevable! Ensuite dans les pays arabes on réagit : « Je suis muslim et j’aime mon prophète. ». Mais personne ne les empêche de l’être, muslim, là où ils sont, si ça leur va. Ici en France laïque il n’y a pas l’interdit du blasphème, il y a la laïcité qui signifie aussi le respect des religions.
#Jesuischarlie, beaucoup se rangent sous ce hashtag ; pour d’autres c’est non, je ne suis pas Charlie, je ne veux pas me ranger là-dessous. Si on veut la liberté d’expression on doit respecter ça.
Ce #, symbole, signe, fanion de ralliement pour une marche en silence émouvant, alternant avec la Marseillaise. Déjà, dès le 7, les rassemblements sur la place Répu, silence triste, recueillement, mots qui surgissent, banderoles, chacun vient mettre son mot, son message, son dessin, son crayon. Le créateur de ce « slogan » (c’est ainsi qu’il le nomme) J. Roncin en donne sa version signifiante : « je suis libre »-« je n’ai pas peur », dès sa création sur twitter. Sous le choc, la nécessité se fait des corps rassemblés, pressés, cette foule compacte.. comme enfants, quand on se serre dans le lit, face à l’angoisse du cauchemar.
Seulement, ce Un est éphémère. Ce « rassemblés » a valeur de fiction trompeuse, trompeuse et nécessaire. Mais c’est beau et fort quand même quand ça parle de la République. Car c’est cela au fond le lien par en-dessous. Un semblant qui nous tient contre les obscurantismes. Ça, la République et son tryptique, à la « place » de Dieu, notre nouage collectif. (Avant on disait « nous », « nous sommes tous des.. juifs allemands », des ceci, des cela, on est passés du nous au je plutôt maintenant..). Et puis du Signifiant #charlie on est passé à l’objet a agalma, si précieux, la parole, le livre, le journal, la liberté, et aussi son envers, objet dérivé, monnayable, du commerce, destiné à quoi ? Une boîte, un placard, la poubelle ? Ainsi de la folie Charlie, les kiosques dévastés, il me le faut, je dois le voir, l’avoir cet objet.. que j’ai tant ignoré précédemment, mais qu’importe. Bientôt je l’oublierai, peut-être, un autre surgira.
Dans son for intérieur, pour chacun avec sa vérité singulière, qu’est-ce qui mobilise, qu’est ce qui pousse à être là, quelle jouissance, quel désir, quelle morale, quelle haine enfouie éventuellement ? Car sans doute pour certains, ne soyons pas naïf, il devait bien y avoir tout de même –un peu- d’amalgame dans les fantasmes au fond, dans des mobilisations de Jouissance guère avouable (tout de même ces musulmans, ces.. arabes..) Et puis reviennent à flots, comme un automatisme, les discours essentialistes, les vieux réflexes de confondre musulmans et banlieues, même si bien d’autres français de religion musulmane ne sont pas dans les ghettos et que « la communauté musulmane en tant que telle n’existe pas » (Olivier Roy). En tout cas pas plus ou moins que toute autre, ici, dans notre pays.
Je ne lisais plus Charlie depuis pas mal de temps. J’avais cessé. Bien sûr je savais qu’il était là, qu’ils étaient là dans notre monde, je jetais un coup d’œil sur les Unes en passant, mais l’envie m’avait quittée.. Je ne sais depuis quand (avant le clash Val/Siné déjà, même si cela n’a pas aidé). Parfois, pour le train, mais tant d’autres livres à lire. Sans doute cette outrance parfois m’insupportait ou plutôt ne me disait rien, les textes non plus. Dernièrement je ne sais, je ne peux dire.. Cela n’empêche pas de les pleurer, de pleurer tous les morts de ce terrible massacre. De vouloir que l’ironie et la moquerie et le persiflage puissent avoir libre court dans les limites de la loi. (Trop de lois peut-être d’ailleurs qui empêchent la parole, l’insulte ? Non ?). C’est là un premier hic, car il faut interpréter la loi, et de préférence à géométrie pas trop variable. Car il y a une certaine sensibilité chez les musulmans, quant au « deux poids-deux mesures ». On peut le penser comme parano ou pas, mais cela est bien réel et bien ancré. Je n’oublierai pas la tête de mon kiosquier le jour des caricatures : accablé, désemparé, comme si l’atteinte avait été physique.. Lui un homme éclairé, éveillé, imaginons bien d’autres..
Je suis.., un Signe, unité Symbolique un instant, comme un seul Homme, et.. « le sang impur des « féroces soldats » qui viennent égorger nos fils nos compagnes ». Je suis ceci, je suis cela, registre des identifications, comme appartenant à un ensemble ou s’en différenciant, comme Un ou comme tous, en tout cas toujours dans le registre des semblants, et soumis à une incomplétude fondamentale de l’être, ou comme dit la psychanalyse au manque-à- être. Aucune identité ne me définit tout. Peut-être est-ce une différence avec le « sujet » de la religion, déjà et toujours identifié, identifiable avec son Dieu? Comme un Tout.
Etre-ne pas être, qui suis-je, où puis-je me ranger, avec qui, contre qui? Qui me reconnaît comme enfant de sa patrie, et qui pourtant m’exclue dans ses discours et me discrimine ? A foison, les questions fusent, les reproches, les certitudes voire les convictions ; quand elles se disent, c’est déjà mieux, mieux que le silence et la fausse quiétude qui dissimulent la détermination criminelle à venir.. (Mais comment pouvaient-ils tenir ainsi, déterminés à tuer, et en apparence si conformes, si bons voisins, sinon convaincus par une telle « foi », une sorte d’envoûtement? (selon les témoignages de Dounia Bouzar : tentatives de déstabilisation, d’isolement, de déconsidération des proches des familles.. surfer sur les crises existentielles des adolescents. « Ma famille est pourrie » me dit une adolescente..)
Détermination des désespérés, construite sur un sentiment d’abandon de l’autre (Les deux frères « retournés » en venant dans la ville, et passage par la prison) ? Je n’excuse rien n’est ce pas, je parle pour créer un peu de vérité et de sens. « Si à la sortie du foyer, on s’était occupé des Kouachi, cela ne serait peut-être pas arrivé », peut-être.. Quelle est la part de chacun dans son destin, dans la conduite de son destin, dans des rencontres qui sont des mauvaises rencontres…Il faudrait faire la genèse d’une conversion, et puis.. d’un crime. Sa causalité inconsciente. Comment se noue pour eux intimement le destin : par exemple, l’ironie de se faire abattre dans une imprimerie ? Calcul, stratégie, message ? Et puis abattre une policière, intention, vengeance d’un ami abattu lors d’un vol ? Ces « coïncidences » sont glaçantes.
La parole des imams, sans aucun doute, doit changer, leur formation, leurs prêches. Déjà cela bouge ; certes, pour certains, c’est sciemment qu’ils endoctrinent, convaincus eux aussi, mais pour d’autres, c’est faute de pouvoir oser se démarquer.. Il leur faut faire preuve de courage et de clairvoyance, mais quelle est leur marge de manœuvre ? Comment s’opposer aux positions idéologiques, aux enjeux autant politiques que religieux ? On dit qu’il faut construire l’Islam de France, certains évoquent l’idée d’un clergé. Eclairer sur les malentendus, les mésinterprétations volontaires (djihad, charia, prophète..). Les imams doivent expliquer, mais il n’y a pas une seule parole, pas une seule ligne ; inventer un islam français ? « La théologie n’incombe qu’au croyant. Le blasphème aussi », « Dans ces caricatures, je ne voyais pas d’insulte. La liberté en général, c’est ce qu’il y a de plus cher », « Chercher le martyre à travers le crime c’est une aberration théologique » des paroles sont celles de Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux. ici et ici.
Nous ne sommes pas exclus de la crise de mutation profonde de l’Islam, ses extrémismes rivalitaires, salafistes, djihadistes, ses tactiques (ennemi proche, ennemi lointain), ses lectures et ses interprétations multiples, ses orientations plus religieuses ou politiques, le chisme chiite-sunnite. Ce qui, peut-être, à contre-courant d’un obscurantisme à l’oeuvre (on le voit ces jours-ci), se lève dans tous ces états au pouvoir fort, où la religion n’est pas séparée du pouvoir, redouble ainsi la crise par un conflit entre aspiration à la démocratie (printemps arabes), et pouvoir fort de la religion. (Contre ce mouvement djihadiste politique, ne pas perdre de vue que pour les « djihadistes » les musulmans sont aussi des mécréants, et les premières victimes). Tout cela qui s’agite partout nous traverse du coup aussi, pour le meilleur et pour le pire. On ne peut être à l’abri des effets de cette crise généralisée. Espérons que l’islam d’éveil, dans sa richesse (soufisme etc..) viendra à bout des monstres. (Sophie Makariou l’Obs). Espérons qu’ici même les musulmans, par ce choc, oseront plus sortir du bois, et affirmer à la fois leur appartenance religieuse et leur appartenance citoyenne, leur fierté d’être à la fois les deux, et diront que cela n’est pas incompatible. Qu’ils sauront faire exister auprès des jeunes notamment cet Islam ouvert et cultivé, là où grandit hélas un Islam appauvri, étiolé, obscurci. Comme dans ce hadith « L’ encre du savant est plus précieuse que le sang du martyr » (hadith prophétique de Mohammed rapporté par Nu’man ibn Bashir, et ‘Imran ibn Hussayn). Enseigner les jeunes, mais encore faut-il soi-même être éveillé..
Alors réjouissons-nous de ceci par exemple : Le manifeste des 5oo noms arabes essentiellement « je suis musulman et je suis Charlie » – « nous ne cèderons pas à la peur ». Des intellectuels musulmans s’unissent contre la terreur. (Dominique Eddé). « Nous sommes Charlie » s’inscrit sur la façade de l’IMA en français et en arabe.
Quant à la politique étrangère française, elle se doit de tenir ferme dans ses décisions, ses choix, sans se mettre sous influence. Tache ardue. Complexité géopolitique, forces destructrices apparemment ennemies, et au fond très complices. Alliés objectifs. Oui bien sûr nous sommes en guerre, la France est en guerre, au Mali, en Irak, en guerre contre DAECH, contre une force criminelle. Elle s’est engagée là et à ce titre elle est très ciblée. Mais attention au choix sémantique, tout mésusage langagier a bien plus qu’on ne le pense un effet en retour, qui peut ici en France être contre- productif. Ainsi devons-nous différencier guerre et lutte contre le terrorisme, faire attention à l’idée de l’ « ennemi intérieur » et à sa localisation exclusive dans les banlieues, qui stigmatise et exclue encore davantage (Attention M. le Premier Ministre à vos « envolées » tellement convaincues.. l’indignation et le diktat ne suffisent pas à soigner les maux profonds de notre France). Et puis, cruelle ironie de voir à Gaza ces manifestants nous menacer de mort, Gaza, Palestine pour laquelle, pour la première fois depuis longtemps, un gouvernement et un Président français ont osé une parole et une position si justes.
Les enfants, les adolescents. Le complot. Ils disent ça certains, on nous la fera pas, c’est un complot, de toute façon on nous exclue. Ils ne comprennent pas, ne veulent rien savoir, baissent les yeux, sont construits comme ça, avec ça, l’idée des injustices du monde, et que (comme dans toutes les religions) une solution, un nouage de paix intime se fait avec et grâce à Dieu comme un sinthôme (Lacan). Ils ne séparent pas, ou difficilement, ces actes impies de leur religion (actes pris dans une logique au fond débile, au sens clinique du terme, si elle ne poussait pas à passer à l’acte, s’ils ne rencontraient pas là les « pousse-à-tuer »), mais aussi de leur rage. Ils sont dans le jeu vidéo, l’armature Symbolique a pas mal pété ; juste Allah sert de poinçon, et l’Imaginaire déferle. La vérité est sur la toile, souvent hélas logée dans des sites et des vidéos fort malveillantes. Il faut bien avoir en tête l’excitation que procure l’idée et la représentation des conspirations, comme un jeu stratégique dans sa logique parano, avec ses traîtres, ses messages cachés, ses espions, ses agents retournés ; se méfier de tout, de tous, plutôt que penser et réfléchir, une défense contre la pensée. L' »autre scène » freudienne n’est plus vraiment « autre », le nouage est défaillant. La pulsion en lieu de savoir, le commandement de tuer pour combler le trou de l’énigme humaine. C’est un peu la guerre leur « survie », ceux-là, à qui se joignent les enfants des plus beaux quartiers, eux aussi en panne de cause, en épreuve du vide, en quête d’humanisme, de virilité ou d’adoration sacrificielle hystérique ; s’en remettre à l’autre, s’en remettre à un dieu jusque dans l’aveuglement des discours délirants et des actes sanguinaires. Ne pas vouloir savoir ça, où ça mène, où ça va, plutôt que rester là les mains vides et le cœur sec à ne pas palpiter.. Des jeunes filles que je reçois affichent pour la première fois le foulard, la robe de prière.. Nécessité identitaire (ponctuelle ? à plus long terme ?). Ces ghettos tout de même ça n’en finit pas.. Les classes moyennes qui défilent pensent-elles au choix qu’elles font si souvent d’éloigner leurs enfants des classes de quartier par exemple ? Car le rassemblement n’exonère pas de repenser son rapport au monde et aux autres.. ni d’interroger nos responsabilités, un par un. Et puis la propagande, les infos en boucle ne nous la servent-elles pas dans une moindre mesure à l’échelle nationale ? A tout un chacun qui peut en faire sa vérité sans mesure ?
Un éducateur « qui travaille dans un collège au pied de la cité » (Marseille) : « ces gamins sont dans un autre monde. Je ne vois pas où a commencé leur mal-être, mais je ne sais plus comment leur parler. Et je me demande qui pourrait le faire. » Lemonde 17 janvier
Espérons que tous ces enfants ne soient pas déjà perdus (Dans une moindre mesure comme ceux de Gaza, de Syrie, et d’ailleurs..). Etre exclu/s’exclure, dans quel sens ça marche, quoi d’abord ? Dans les deux sens. Une alliance objective, entre une défaillance sociale, idéologique, politique de la République, et une montée en puissance de l’appartenance religieuse, de la suprématie de la loi divine sur la loi républicaine de la Nation. Cela semble une constante : la loi religieuse se substituerait à l’être-citoyen ; l’identité serait épinglée par le rapport à Dieu comme principe. Cela vaut autant pour les trois religions ; on l’a vu avec Civitas & co, on l’a entendu dans la bouche d’un ancien président (le prêtre au-dessus de l’instituteur) ; on le remarque dans cette annonce publique faite en terre de France par le premier ministre israélien aux familles des victimes juives : « votre foyer c’est Israel »… Ce ne serait donc pas la terre de France ? Il y a une terre sacrée ? (Ce que l’on reproche tant aux musulmans français, cette double appartenance, pourtant). Merci à cette belle prise de parole : »La France est mon pays.. » (Coralie Miller libé 20 janvier). Et n’oublions pas : « En de nombreux cas un français, né musulman, refuse l’assignation identitaire, veut être un citoyen comme un autre. » (Dominique Eddé. Le monde 21 janvier 2015).
Laïcité, posture des politiques, cadre vide ou réelle armature collective ? Alors il faut écouter, parler, punir mais aussi ne pas punir. Est-ce surtout cela qu’il y a dire M. le Premier Ministre : « il n’est pas acceptable que des gamins. etc..», Table ronde à Libération; est-ce le plus opportun ? Le plus productif ? Ne vaudrait-il pas mieux annoncer sa détermination à faire que tous les enfants de la République aient leur place, chercher l’apaisement ? (Pas plus « utile » et opportun le concept d' »apartheid » ; si M. le Premier Ministre, les mots, choisis, ça compte)..
La minute de silence ? Humm..Leur dire République, faire société, prendre langue. Difficile face au refus, à l’évitement, à la fuite. Les propagandes en boucle, discours de haine.. (Je reçois des jeunes, certains sont tentés par là, je ne crois pas que ce soit la minute de silence qui aide, bien au contraire, laissons les un peu crier leur rage.). Eux/elles, perméables à des discours destructeurs ambiants, en chaine épidémique. Ça ne résonne pas pour tous heureusement. Les aider à se déprendre. A mettre sur la table leurs questions identitaires, à les aider à ne pas dénier leur part d’humanité, leur faire savoir qu’il y a d’autres voies pour être un héros. Ainsi du témoignage de Mourad Benchelali (parti en Irak puis revenu de Guantanamo et de la prison française) : on peut être radicalisé et ne pas le montrer (ça fait peur), comment décider, les mettre face à leur responsabilité les jeunes ? On peut se radicaliser dans sa maison…
Enfin, faut-il encore une fois seriner la nécessité absolue de remettre en circulation associations, éducateurs, psys, lieux d’accueil, de rencontre, avec tous ceux qui veulent (policiers, juristes, historiens des religions, vidéastes, artistes, imams- prêtres-rabbins « éclairés » etc..) pour que la jeunesse de France puisse trouver où échanger in « real life ». Car un corps ça existe, ce n’est pas qu’une image, une vie c’est ici, ce n’est pas forcément le paradis, l’au-delà.., un humain, ça parle, ça échange, ça contrarie, mais ça ne tue pas, ou alors c’est halluciné. La langue, l’usage des mots, la richesse du savoir, inventer, « trouver des phrases qui donnent à réfléchir » (Barbara Cassin), faire jouir la langue, le verbe, leur faire aimer la langue. Leur faire tenir le crayon qui trace la trace de la vie, avec lequel ils se découvrent.
Ils ont aussi raison dans les écoles de dire que la tâche n’est pas que la leur. Leur difficulté aussi. Comment faire ? Comment dire ? D’abord faut-il être un peu soi-même au clair avec tout cela, pas simple, sans manichéisme. Expliquer les lois de la République et qu’ici en France il n’y en a pas d’autres, au-dessus ; expliquer les différences entre offense et préjudice, opinion, délit, liberté d’expression et idées qui choquent à différencier d’incitation à la haine, liberté/sécurité, et tout cela qui sont nos lois communes, et qui nous contraignent tous. Car la liberté d’expression n’est pas absolue, elle trouve ses limites dans le droit, la justice, mais aussi la morale, l’éthique pour chacun. Donc il faudrait qu’essaiment tous ces essaims de mots, de savoir, de corps, d’autres, pour faire barrage aux vérités totalitaires et obscurantistes. Dire l’histoire aussi, leur dire l’histoire, la leur, et celle de l’humanité.. Le sentiment d’abandon est une terre fertile pour tout ensorceleur assassin.
Pour le moins essayons d’élever au mieux nos enfants dans plus de justice et d’égalité ; essayons que les religions ne soient pas sans cesse sur le devant de la scène, dressées, inondant le champ public , mais à leur place. Qu’elles restent dans l’espace intime, dans leur « foyer », qu’elles puissent bien évidemment participer aux réflexions, au lien social, à la culture partagée, mais que leur champ cultuel soit circonscris. Surtout, que les politiques n’en rajoutent pas dans leurs messages, discours, et actes, à laisser penser au statut préférentiel de l’une ou l’autre. Que les politiques fassent exister l’espace commun de notre communauté commune, de nos lois communes, soient acteurs de la clarté et de la différenciation des instances, des lieux, des registres. Ne pas se faire surtout le porte-voix d’une « communauté » (j’en ai marre de ce mot !) Et puis que nos media voraces et trop souvent déchaînés veuillent bien se pencher un peu sérieusement sur leurs comportements et les conséquences parfois peu citoyennes qui en découlent : dérèglement médiatique, outrances voyeuses, dangereuses, attention au glissement Foxnews à la française ! Il a fallu les rappels à l’ordre (Intérieur GIGN CSA) ! Mais je reste sceptique, ça repart de plus belle, qu’importe, ils pensent qu’ils ont tout bon ..ça repart.. Le dialogue des deux frères avec BFMTV tourne en boucle sur les sites islamistes nous apprend Gilles Keppel, par exemple.
Le choc des massacres est toujours là présent, il faut le temps pour comprendre (mais y a-t-il à comprendre?). L’Histoire a-t-elle jamais une fin, une sorte de conclusion, sinon dans les cataclysmes, les déluges, ou autres paradis éternels (et encore!)? L’Idéal doit être à laisser à sa place d’idéal. Le gap entre idéal et réalité est toujours opératoire, il est constituant pour le désir, sauf quand la réalité prend visage de haine/exclusion, qu’elle annihile l’idéal, qu’elle crée le sentiment d’abandon, même si c’est dans une dimension aussi fantasmatique et victimaire. Si cela pouvait réveiller un peu plus « nos » politiques all over the world, et les religieux de partout, et nous tous.. Que d’incohérences dans les mots et les actes, que d’écart entre les mots et les actes : le durcissement récent qui enverrait quelques jeunes en prison pour quelques mots provocateurs, (et aussi des malades psychiques), le discours du PM tant applaudi dont pourtant la tonalité n’est presque que sécuritaire, surveillance.. On attend plus de perspectives éducatives sociales culturelles soignantes aussi.
Le Président français semble avoir pris la dimension souterraine des enjeux discriminatoires. le Président se réveille, ose, dit des paroles justes et mesurées (IMA) s’adressant « aux peuples arabes grands pays amis » et posant les limites : « les règles principes et valeurs de la RF dont une est non négociable : liberté et démocratie ». Il rassemble avec ses mots et sa parole, plutôt que déclencher encore ce qui à chaque instant comme mot malheureux viendrait viser une inscription paranoïaque. Prenons garde à remettre de « l’ordre juste »..La déferlante islamiste et tous les intégrismes doivent être combattus partout, par tous et chacun. Le refoulé coupable de notre histoire commune, la nostalgie inconsciente, Vichy, guerre d’Algérie, colonies, séparation église/état, pointe son nez en chacun de nous dans ses différences, ses exclusions, ses haines, ses deuils non faits, ses divorces (sur lesquels surfent quelques irresponsables), agite encore les vieux fantômes ; il y aurait aussi ici ceux qui n’auraient pas à y être…il y aurait aussi ici ceux qu’il faudrait éliminer, renvoyer pour garder notre vieille terre française catholique blanche. C’est toujours là, à l’oeuvre hélas, ces haines enfouies, recuites !!
Une autre horreur pourrait surgir, surgira bien sûr. Nous sommes dans ce temps là.. mondial.. C’est ainsi.. Vers où ? Vaincront les pulsions de vie. Déjà, de partout, les voix de vie s’élèvent.
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Je vous renvoie à d’autres billets ici même.
Brouhaha Un « enfant perdu », criminel.. Cette jeunesse, notre symptôme et d’autres.
Je vous renvoie aussi au dernier billet tristement anticipateur, C’était un temps.. Sans être en rien Cassandre, je comprends mieux la phrase dans ma tête depuis un certain temps. Annonciateur de ce discours de haine et de fausse analyse distillé par des « penseurs » « écrivains » « pamphlétaires » « journalistes », et leurs mots perçants :. Identité malheureuse, souche, suicide, soumission.. Tous ceux qui mettent leur intelligence rusée, leur savoir, et leur art, et leur névrose, au service d’un discours empoisonné et rance.. (Ce n’est que mon sentiment..)
© evah5
Delphine Batho, courage et conviction
Conférence de Presse Delphine Batho 4/07/13 mis en ligne ploucktv
Delphine Batho : « Le budget 2014 est mauvais » par rtl-fr
« On retrouve quelque chose de Ségolène Royal » dit un journaliste de BFM TV avant la conférence de presse. Il ne sera pas le seul à faire le rapprochement. On se doute que au vu de leurs rapports, hélas devenus conflictuels, ce point de vue ne trouve pas l’acquiescement de SRoyal (confirmé hier dimanche sur BFMTV par un jugement raide et injuste à mon sens). Et pourtant. Je ne peux personnellement que saluer cette intervention et cet Acte posé (même s’il risque bien sûr d’obérer quelque peu la suite de sa « carrière » politique/ou pas ?). Beaucoup l’ont découverte, beaucoup critiquent le fait qu’elle n’ait rien dit avant, ne se soit pas assez battue dans son ministère etc.. Est-ce justice? Après avoir avalé tant de couleuvres, il semble que sciemment et résolument elle ait « choisi », (au sens d’un « choix forcé » comme on dit en psychanalyse, c’est-à-dire pas d’autre choix possible; au sens où, à un moment donné, le destin dans son sens éthique est là indiqué dans l’Acte à poser devant lequel ne pas reculer.) C’est fait. S. Royal, qui connaît bien ces occurrences de la vie, et qui nous vante beaucoup le courage, devrait plutôt saluer cela, cette conviction, qui contrairement à ce que l’on interprète ici et là n’est ni accusatrice contre son camp, ni victimaire. Continuer la lecture de Delphine Batho, courage et conviction
Segolène Royal/ »Cette belle idée du courage »
« Cette belle idée du courage », c’est aussi la sienne, et aussi la vérité, l’audace, l’invention, et la liberté de la parole et de l’action.
Ségolène Royal était l’ invitée de Ch.Barbier sur ITélé – 15/05/2013
Vidéo
elisa6666
sélectionnée dans Politique
Ségolène Royal par franceinter
Ségolène Royal – 8h40 par franceinter
Et aussi Le Monde :
« une restructuration du ministère de l’économie et des finances est nécessaire. »
« ..chantier démocratique. mutation écologique. économie sociale et solidaire.. »
« .. insuffler de la confiance. monter en puissance. exprimer une stratégie globale, et des priorités. donner des perspectives.. »
« Regardons l’avenir et réussissons les cent premiers jours de la deuxième année ! » etc…
Dérives/Ce vieux Fonds de (F)Rance
La loi autorisant le « mariage pour tous » a été votée à l’Assemblée Nationale. Enfin ! A quel prix ! Que de dégâts, de remous ! Non pas qu’elle ne soit pas légitime, mais ce que tout cela a déclenché, a révélé, dans notre beau pays mérite que l’on s’y arrête. Mais après tout, cela aura fait réveil et rappelé la réalité d’un certain « fonds » français. Continuer la lecture de Dérives/Ce vieux Fonds de (F)Rance
« Tous » contre « tous »?
On peut critiquer et regretter le fait que les « people » aient bien peu conscience de la pauvreté préoccupante de nombre de leurs concitoyens. Leur réaction n’est pas mieux ou pire que celle de banquiers, industriels, publicitaires, sportifs, intellectuels, et politiques qui vivent dans un « autre monde », dit-on souvent. En cela, ils font corps dans une certaine communauté d’esprit, comme beaucoup d’autres corporations. Mais ce « monde » fait aussi partie de la société française. Qui peut dire qu’il ne ferait pas de même dans la même situation, qui peut se prétendre sans rougir « altruiste »? Qui n’ a pas envie d »avoir » plus, de posséder plus, de garder pour lui, et ses proches éventuellement? Cercle clos, excluant, toujours.
Il est à regretter que l’esprit de solidarité (cf. CNR) ait maintenant disparu; société très individualiste, la France a besoin d’un discours clair et rassembleur. C’est la mission du Politique, qui décide des lois commune à tous, justes et efficaces, comme on nous l’avait promis. Encore faut-il qu’il soit à la hauteur de sa tâche, et d’une certaine façon lui (aussi) exemplaire. Pas si simple.
Depardieu, symbole à son corps défendant, de l’exil fiscal et de l’égoïsme, est pourtant plutôt un des derniers à s’exiler. Sinon, il a crée aussi des emplois, soit dit en passant. Omar Sy, vénéré maintenant par nos compatriotes, vit à Los Angeles me semble-t-il… de même que Dany Boon et d’autres. Je ne parle même pas des sportifs. Quant à Deneuve, femme plutôt discrète, et qui sait s’engager sur des causes « justes », elle a laissé parler sans doute son coeur de l’amitié. Ses propos sur la Révolution et la méconnaissance générale de l’Histoire de France révèlent une peur imaginaire, celle-ci bien partagée quelle que soit la classe sociale. Utilisée aussi comme un mythe, voire un slogan, par certains leaders politiques. Elle ne porte simplement pas alors sur la même catégorie sociale. En miroir.
Bref, ça ne cesse pas : l’autre est dangereux, contre moi, ennemi…Cela qui s’est exprimé douloureusement en 2002, et qui est toujours une mine pour toute pensée et discours totalisant,(et donc excluant), fait signe d’une haine souvent silencieuse, mais dont la trace ancienne est hélas constitutive de notre humanité. Elle se faufile notamment dans les réseaux sociaux où les échanges sont parfois ponctués de ces insultes jouisseuses, et de jugements à l’emporte-pièce. Moindre mal, que ça puisse se dire?
Il appartient à chacun de savoir conduire sa vie pour lui et pour/vers les autres.
In memoriam
Seuls quelques fragments de nous
toucheront un jour des fragments d’autrui –
La vérité de quelqu’un n’est
en réalité que ça – la vérité de quelqu’un.
On peut seulement partager
le fragment acceptable pour le savoir de l’autre
ainsi on est
presque toujours seuls.
Comme c’est aussi le cas
de toute évidence dans la nature – au mieux peut-être
notre entendement pourrait-il découvrir
la solitude d’un autre. (45)
Ô silence
ton calme me fait mal à la tête – et
transperce mes oreilles
cogne ma tête avec le calme
des sons insupportables/ continus –
sur l’écran du noir absolu
se forment/ réapparaissent des ombres de monstres
mes plus loyaux compagnons –
mon sang palpite sans répit
dévie sa route dans une autre direction
et le monde est en train de dormir
ah, paix je te veux – même si tu es
un monstre de paix. (135)
For life
It is rather a determination not to be overwhelmed
For work
The truth can only be recalled, never invented (183)
Marilyn Monroe FRAGMENTS (poèmes non datés) Paris, Seuil, octobre 2010
« La jeune femme blonde s’est d’abord recroquevillée sous nos regards. Elle s’est accroupie, les bras autour des genoux…. Elle s’est accroupie dans un coin, les yeux fixés sur un horizon invisible. Elle s’est avancée en traînant les pieds, gauchement. elle s’est relevée lentement, comme un rayon de lumière. Elle a tendu les bras et s’est tenue sur la pointe des pieds jusqu’à se mettre à trembler. Puis elle s’est déplacée peu à peu dans la pièce, le regard fixé sur un horizon invisible. Elle s’est mise à danser, sans un bruit. Comme en transe, elle tournait sur elle-même, des girations lentes, douloureuses. Elle a enlevé sa chemise sans savoir ce qu’elle faisait. Elle a croisé les bras sur ses seins nus oscillants. Envoûtée, elle s’est pelotonnée par terre comme un enfant et s’est immédiatement endormie, ou a fait semblant…. Une minute encore, et le professeur s’est agenouillé à côté d’elle, inquiet, et a prononcé le nom qu’elle nous avait donné : « Norma Jeane? »..
.. Une âme pure. C’était beau et ça n’avait pas de nom. »
J.C. Oates Blonde Paris, Stock, 2000, pp. 585-586
« Infortunately, this is one night that she did’nt come back for the darkness »
Lawrence Schiller
« Let her be who she was; let’s remenber her as she was. » L. Schiller
olivier de terre neuve
Olivier notre ami si attentif le soir des pleurs de ségolène si inquiet de l’avenir de la gauche si ouvert à toute pensée et toute opinion qui permettait d’aller plus loin.
La gauche qui avance sans totems et sans tabous est en deuil. qu’il repose en paix.
©evah5
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La journaliste et la Femme Debout
Pour en finir avec un certain tweet.
A propos du manque d’élégance d’une journaliste « politique » salariée de Paris Match (« le poids des mots le choc des photos ») qui vient d’acquérir un statut assez particulier, dont à la fois elle se défend mais en même temps dont elle se sert avec excès (et succès?). Pour dire haut et fort que, à mon sens, cette femme n’a hélas guère le sens de l’Etat, et que sa posture soi-disant » transgressive » n’a rien d’honorable et n’a rien à voir avec la liberté d’une femme. Bien au contraire, l’aliénation à sa passion, destructrice pour les autres, et sans doute pour elle-même, indique combien elle est en proie sans doute à des pulsions irrépressibles, comme nous le sommes tous à un moment ou un autre. « Si la finalité de la femme libre est de pouvoir crier sur les toits, c’est une vision un peu courte de sa liberté d’expression » comme le dit joliment G. Fraisse (Le Monde 22 juin).
Quant à son engagement auprès des Media Lagardère et Bolloré, n’y a-t-il pas là tout de même un sérieux conflit d’intérêt? « Je ne trouve pas « normal » que Valérie Trierweiler demeure journaliste pendant le mandat de François Hollande, avec la complicité d’un magazine à grand tirage tel que « Paris-Match. » Je trouve même cela inacceptable », peut-on lire dans Le Soir. S’il y a une limite à mettre c’est bien là. Pour ses émotions personnelles cela reste son affaire. La culture Paris Match qui a, bien évidemment, entière liberté d’existence et d’expression, est-elle compatible avec le voisinage immédiat et intime du Président? Il y a, me semble-t-il, nuisance envers la fonction symbolique du Président. Ce n’est pas là être sexiste, si c’était dans l’autre sens cela serait pareil. Une limite claire doit être mise qui délimite les champs et les prises de parole. Ailleurs il semble que l’on sache faire avec cela: M. »Merkel« , « le professeur Sauer ne gazouille pas ».
» VT a le droit de refuser le statut de « femme de » en restant journaliste et en conservant sa liberté de parole mais à une condition elle doit renoncer à son statut public de première dame » dit Fr. De Singly (Le Monde 22 juin p. 20). Est-ce suffisant cependant? Je ne le crois pas. La mise en scène publiquement répétée de son amour exclusif, « Embrasse-moi sur la bouche » là, devant toutes les caméras du monde, « La vie en rose » là, devant les gens à Tulle, pour son plaisir, son bonheur à elle, privé, cela n’est pas digne d’une première dame, que de fait elle est, au moins à ces moments-là, en représentation. Ou alors elle ne doit pas paraître. Car ces comportements ne font qu’indiquer, quoi qu’elle en dise, cette revendication récurrente, cette monstration de pouvoir : il est à moi! Que dire d’un album de photos dont les légendes nous convient jusque dans la chambre, jusqu’à la couche. Tout cela qui devrait rester privé, intime! Continuer la lecture de La journaliste et la Femme Debout