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Un « enfant perdu », criminel.

Montauban/Toulouse.

Au jour d’aujourd’hui beaucoup de questions restent non élucidées. Beaucoup le resteront sans doute, d’autres seront sans doute étouffées, pour un temps en tout cas. Questions sur les erreurs de la DCRI, sa « lenteur », son mode d’intervention, sur la présence permanente du ministre de l’intérieur non conforme à la séparation des pouvoirs (Eva Joly, et Fr. Rebsamen: « En tout état de cause, je m’étonne du fait que le président de la République ait demandé à Claude Guéant de piloter l’enquête. C’est du jamais-vu. On se demande même ce que Guéant faisait sur place pendant trois jours. Son rôle est de mettre à disposition de la justice les moyens pour arrêter la personne poursuivie, mais ce n’est pas à lui de donner les ordres.., le procureur n’étant là qu’à après-coup, pour venir expliquer ce qui s’est passé. Or c’est bien lui qui pilote l’enquête! »). Questions sur le déferlement médiatique couvrant l’immobilité de la scène et créant ainsi une jouissance avide de sang, il faut bien le dire, scène médiatique animée de psys  en tous genres (ah ce mot fourre-tout qui « nous » catégorise maintenant!), criminologues notamment en mal de story-telling, et bien d’autres. Iront-ils jusqu’à diffuser les vidéos, en rajoutant encore dans l’horreur? Sauront-ils faire preuve de sagesse?

De ce qui fait là évènement, dans le Réel, glaçant, je ne traiterai ici que deux aspects :

*D’abord à partir de ce que j’en sais dans ma pratique clinique. Car des jeunes gens comme Mohamed Merah j’en rencontre parfois dans mon cabinet. J’en ai aussi entendu parler par les éducateurs qui les côtoient. Ils sont certes plus arrimés au symbolique, la parole porte davantage, ils peuvent généralement accepter encore le pacte avec l’autre. Mais pourtant le même sourd désenchantement les habite. La même haine parfois. Haine parfois contre un père abandonnant, contre une famille maltraitante, haine qui se déplace contre l’humanité toute entière, contre tout ce qui bouge. Violence souvent retenue, mais parfois déclenchée, incontrôlable. Echec, l’employeur qui dit non, ou qui promet et qui laisse tomber, l’éducateur qui n’a pas assez de temps au moment où il faudrait, l’ami qui déçoit, le CMPP qui n’a pas de place, la tentation de faire payer à tous sa propre histoire.. Enfin, souvent un cri contre l’injustice, ce sentiment qui n’est pas a priori le seul lot de ces gamins-là, tant l’adolescence est sensible à l’exclusion, dont à la fois elle rêve et qu’elle rejette. Injustice devant les actes des adultes, la discordance entre acte et dire, la « trahison ». Pour la plupart, les appuis identificatoires sont suffisamment étayants. Seulement, là, ça vire à l’extrême.

Certes, ce sont des jeunes gens qui ont eu moins à faire à la justice; ce sont des jeunes gens qui ont eu l’opportunité plus tôt de bénéficier de structures d’accueil à la fois souples et bienveillantes, mais il en faudrait peu parfois pour que ça glisse sur la même pente. Ce sont souvent des jeunes gens qui, en bout de course, rêvent de l’armée, veulent l’armée, pour avoir un cadre, une discipline, pour aider les autres, pour tuer aussi parfois (je reprends là leur propre parole).

Et puis, parfois, en bout de course aussi, il y a la religion, musulmane mais pas seulement, la religion qui comme l’on dit sert de béquille pour le meilleur, mais aussi de métaphore délirante pour le pire. Celle qui vient suturer une question identitaire qui ne trouve pas à se résoudre. C’est bien souvent la question de la construction subjective, mais là, le hic, c’est que ça passe à l’acte, violemment, follement, empruntant pour le coup un discours « terroriste » pour éxécuter plutôt un crime « ordalique », vengeance, mission, épuration.  Julien Dray, à son propos, dit à juste titre : « emplissant son vide identitaire par des conceptions pseudo-religieuses et une identification à des combats étrangers ».

Trouver une cause -à-être pour mourir.  Continuer la lecture de Un « enfant perdu », criminel.

« Ferveur d’un instant »/Un instant de ferveur.


Hollande/Royal
capture d’écran France2 Des paroles et des actes 15 mars 2012

Cet homme regarde-t-il avec ferveur, avec froideur, cette femme?  Est-ce un instant de ferveur, la ferveur d’un instant?

Vers la 5ème minute de l’émission DPDA sur France2, Pujadas compare les sondages intentions de vote Royal-Hollande  concernant les votants (votes pour le candidat et votes contre l’autre candidat). 45/45 pour la première, 63/36 pour le second. A la question posée par Pujadas, qui lui demande si ce qui lui manque n’est pas d' »avoir su ou de pouvoir créer un lien  avec les français », voilà-t-il pas que la réponse arrive, sèche, cassante : « Rappelez-moi ce qui s’est passé  en 2007? » Puis silence. Puis, « Ce qui compte c’est de gagner l’élection. Je ne veux pas créer je ne sais quelle ferveur d’un instant (temps de silence)…nécessaire« , puis « J’ai conscience de ce que me disent les français etc.. la vie chère…prix de l’essence, denrées alimentaires.. » Donc, si l’on suit bien, en 2007 c’était juste une « ferveur d’un instant…nécessaire ». Continuer la lecture de « Ferveur d’un instant »/Un instant de ferveur.

Autisme / Réflexions, références (suite)

La Haute Autorité  de Santé a donc « tranché ». Forte de sa légitimité et de son « indépendance », « chargée de  promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins auprès des professionnels de santé et des usagers de santé », la HAS , dont la présidence est assurée par  M. Jean-Luc Harousseau depuis janvier 2011. Je rappelle en passant que cette personne a perçu 205 482 euros des laboratoires depuis 2008. Certes dans les Principes fondateurs on peut noter : » l’abandon de leurs autres mandats et l’interdiction des conflits d’intérêt « , tout de même. On y lit aussi « La HAS procède à des comparaisons de produits, de techniques, de pratiques professionnelles, de structures et d’organisation, etc., », on y reviendra. Enfin concernant « la rigueur scientifique »: « Le doute formulé est le reflet du doute des scientifiques. » Diantre ! Nous voilà rassurés! Cependant,  (je me réfère là à un excellent travail d’analyse d’Eric Laurent à ce sujet dans Lacan Quotidien 170) : « Sur la page de garde des dernières « Recommandations de bonne pratique » émises par la HAS en juillet 2011, version « phase de lecture et de consultation publique », figure l’énoncé explicite de sa méthode : « Recommandations par consensus formalisé ». … (Mais) Nous avons vu la semaine dernière (LQ164) , en suivant les critiques de l’équipe canadienne combien l’approche ABA est sujette à discussions du point de vue des critères mêmes de preuve qu’adopte la méthode du « consensus formalisé ». Il suffit de ne pas se laisser fasciner par les résultats des méta-analyses, de s’intéresser à l’histoire des méthodes comportementales, aux problèmes éthiques qu’elles soulèvent, à l’inclusion ou non des études admettant les punitions, et aux types de punitions admises, pour que l’évidence de grade B recule. Rien de ces débats, pourtant cruciaux, n’est mentionné.…  Dès la première recommandation d’importance, on nous dit que l’approche ABA est de grade supérieur à tout autre et qu’en plus, l’ensemble des interventions doit s’effectuer en utilisant le modèle éducatif comportemental « pour ne pas disperser l’enfant/adolescent ». ABA gagne contre la méthode intégrative proposée par la majorité de la psychiatrie française inspirée par la psychanalyse. » A-t-on même consulté les praticiens que nous sommes, qui ont aussi à dire? Pourtant, comme l’avait déjà relevé le même Eric Laurent (lQ 164): « L’adversaire le plus résolu des techniques comportementales ABA n’est pas une/un psychanalyste. C’est une chercheuse autiste qui réside au Canada. Il s’agit de Michelle Dawson née en 1961 Continuer la lecture de Autisme / Réflexions, références (suite)

Autisme et Psychanalyse


« … La HAS – Haute Autorité de Santé — a été sommée de bannir la psychanalyse de la liste des « bonnes pratiques » relatives à l’autisme. Des médias moutonniers ont fait écho de cette tentative de proscription publique d’une discipline que l’on pouvait croire reconnue et honorable. Bref, une atmosphère de « croisade » et de « chasse aux sorcières ».

L’Université populaire Jacques-Lacan a voulu étudier posément ce phénomène d’opinion, et le contrarier en faisant entendre d’autres voix. Son Institut de l’Enfant a réuni dimanche dernier, 4 mars, une « conférence de presse » à l’hôtel Lutétia. Cette réunion, qui a duré 3 heures, a été intégralement filmée par l’équipe de La Règle du jeu ; elle donnera lieu à une publication »  — Jacques-Alain Miller

La vidéo de la conférence de presse de ce dimanche 4 mars au Lutétia


AUTISME ET PSYCHANALYSE (partie1) par laregledujeu


AUTISME ET PSYCHANALYSE (partie2) par laregledujeu

Leçon de Politique/Conférence de Presse La Rochelle


le 21 février 2012 alors que NS est dans le coin….Ségolène Royal revisite les « promesses » non tenues du candidat.

Conférence de presse à La Rochelle le 21 février… par segolene-royal

Autisme/Stop à la confusion!


Stop à la confusion, le déferlement de haine et d’ignorance, la manipulation et la transgression. Ce qui arrive là n’est pas tout à fait nouveau. Les tentatives de destruction et de dénigrement des pratiques psychanalytiques et leur savoir-faire clinique ont depuis longtemps  fait leur sombre propagande. Là, elles en remettent un coup, virulent. Profitant du désarroi légitime des parents et de leur implication très forte auprès de leurs enfants, bien légitime aussi, même si parfois un peu plus de distance permet des effets plus pacificateurs (comme pour toute difficulté les plus proches ne peuvent pas toujours être les mieux placés pour aider.. aïe je sens que là déjà j’en dis trop.. ), bref profitant de ce désarroi, surfant sur évaluation, discours scientiste, rentabilité, efficacité, mirages en tous genres, pour contrevenir au mal-être et dénier toute dimension psychique et singulière pour chacun de nous, humaniste a minima plutôt que mécaniste, voilà donc que ces associations outrepassent allègrement leur pouvoir et leur savoir, si mince! Mieux, voilà que l’Etat, et une Instance Publique, la Haute Autorité de Santé (HAS), projettent de se proclamer légitime pour décider quelle thérapeutique est à autoriser ou à interdire. Sortant là effrontément de leur rôle. Psychanalystes, délinquants peut-être? L’attaque est rude et sévère, exorbitante. C’est un plan très concerté, le même qui tente de faire sortir la psychanalyse des enseignements universitaires, le même qui veut fabriquer des psychothérapeutes au rabais.

../ »- L’enjeu, quel est-il ? C’est de savoir où iront les fonds publics. Extrêmement minoritaires, les techniciens du conditionnement comportementaliste voudraient bénéficier désormais d’un soutien exclusif de l’Etat. À cette fin, ils ont excité des parents d’autistes, et manipulé leur souffrance, sans nul doute authentique, pour la transformer en force de frappe anti-psychanalyse et anti-psychiatrie. Ces associations aux maigres  effectifs se sont coalisées, et se sont livrées à un lobbying prolongé. »/..  (note de synthèse  d’un Haut-Fonctionnaire à l’intention de sa hiérachie)

../ »Si la HAS suit les recommandations extrêmes inspirées par « Vaincre l’autisme » et ses experts, cela revient à créer ex-nihilo une bureaucratie médico-sociale pouvant prendre en charge 800.000 personnes et 8.000 enfants chaque année. Nous retrouvons là le type d’utopie inspirée au gouvernement britannique, par les mêmes secteurs scientistes, d’un vaste réseau de centres de psychothérapie comportementale brèves pour lutter contre la dépression et le chômage. Cette vaste usine à gaz a eu du mal à dépasser les Centres expérimentaux. Le changement de gouvernement a mis un terme à ce déploiement et l’on attend la publication des résultats »/..E. Laurent La fin du règne de la HAS.

Une association notamment se démène « Vaincre l’autisme », tel est son nom. « Vaincre l’autisme », quelle curieuse conception, illusoire, rabattue sur le médical, ou sur la guerre .. Vaincre le cancer, vaincre le sida,  la pauvreté  peut-être même,  mais là ne devrait-on pas d’abord et avant tout  mettre en avant  les autistes eux-mêmes, sujets qui pour être « affectés » d’une certaine pathologie de structure n’en sont pas moins sujets; « vaincre l’autisme », pour faire croire que cela peut disparaître?

Pour ma part, je ne reprendrai pas ici les questions autour de la génétique, ni non plus les insuffisances criantes de lieux d’accueil et de soins pour ces enfants, je  dirai ceci:

J’ai été auprès d’enfants et adolescents autistes en pédopsy pendant plusieurs années Continuer la lecture de Autisme/Stop à la confusion!

Chloe Delaume/ »Une femme avec personne dedans »

Chloé Delaume, une « femme » qui cherche, crée, parle, invente, prend des risques; cela qui est si rare de nos jours, loin de la bouillie romancière et fictionnelle qui envahit le marché. Merci.

Merci Mediapart pour ce moment précieux. (extraits) (plus ici).


Chloé Delaume: une geste politique par Mediapart

Chloé Delaume: vous en êtes où avec votre Je? par Mediapart

Chloé Delaume, Une femme avec personne dedans, Seuil, « Fiction & Cie », 180 p., 15 euros Continuer la lecture de Chloe Delaume/ »Une femme avec personne dedans »

« Ségolène Royal, un parcours d’Exception 2007-2011 »

Ségolène Royal, un parcours d’Exception 2007-2011 par lesblogueursassocies

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Une pionnière indéfectible