« Il faut faire la guerre aux spéculateurs ». Ce n’est pas moi qui le dit mais Christophe Barbier, c’est dire!
« Après avoir sauvé les marchés, les Etats n’ont imposé aucune contrepartie au système bancaire et financier. » Pas moi non plus mais Jean-Paul Fitoussi (président de l’OFCE Libé samedi 6 dimanche 7 août). Il ajoute: « Aujourd’hui les Etats sont tenus en laisse par les marchés« . Pour l’économiste américain Joseph White « les hommes politiques sont perdants s’ils fondent leurs actions sur ce qu’ils pensent bons pour les marchés » (ibid.)
Alors, si je comprends bien, nos gouvernants devraient se réveiller, s’unir, s’entendre, pour enfin mettre en place les processus de désaliénation du politique face aux marchés, à la finance, à la spéculation financière. Demander des comptes aux banques aussi.
« Il faut bouleverser l’organisation politique en Europe pour pouvoir opposer aux marchés, aux spéculateurs et aux agences de notation un arsenal de mesures politiques. » Une « révolution », voilà ce qu’envisage M. Barbier.
Quand on est simple citoyenne comme je le suis, un peu spectatrice de tout ce déferlement spéculatif trash, on ne peut pas ne pas penser que la spéculation, l’argent pour l’argent, pour quelques-uns, ce système fou qui tourne sur lui-même est en l’état actuel des choses effectivement ce qui nous gouverne (cf. la riche élaboration de Lacan sur le Discours Capitaliste, discours sans perte, discours qui ne fait pas lien social, autiste au fond, pas étonnant qu’il puisse être actionné par des robots. cf. Conférence de Milan juin 1972, « « […] la crise, non pas du discours du maître, mais du discours capitaliste, qui en est le substitut est ouverte. C’est pas du tout que je vous dise que le discours capitaliste ce soit moche, c’est au contraire quelque chose de follement astucieux, hein ? De follement astucieux, mais voué à la crevaison. Enfin, c’est après tout ce qu’on a fait de plus astucieux comme discours. Ça n’en n’est pas moins voué à la crevaison. C’est que c’est intenable. C’est intenable dans un truc que je pourrais vous expliquer parce que le discours capitaliste est là, vous le voyez… une toute petite inversion simplement entre le S1 et le $… qui est le sujet… ça suffit à ce que ça marche comme sur des roulettes, ça ne peut pas marcher mieux, mais justement ça marche trop vite, ça se consomme si bien que ça se consume . Maintenant vous êtes embarqués… vous êtes embarqués. » et aussi P. Bruno Lacan, passeur de Marx Erès 2010).
Ce n’est sans doute pas inéluctable. Faut-il une révolution, ou plutôt ne faut-il pas une subversion de la Chose Financière? C’est à dire remettre du discours politique, de l’action politique juste face à cette surenchère sans fin. Il faut donc remettre du discours pour faire barrage à une jouissance qui laisse en plan le désir. C’est sans doute très compliqué. Pourtant certaines choses peuvent être faites, pour preuve:
« Pour faire face à la crise de l’euro, Ségolène Royal propose une action rapide et coordonnée entre l’Europe et les États Unis./..
../ Ségolène Royal demande premièrement pourquoi les décisions prises par la zone euro en 2008 ne sont toujours pas appliquées concernant la moralisation du capitalisme. Elle rappelle que la taxation des mouvements de capitaux, la réforme du système bancaire, l’interdiction de spéculer sur les dettes des états ne sont toujours pas en vigueur. De plus les décisions prises par la zone euro lors de son sommet du 21 juillet dernier ne sont toujours pas mises en application.
Elle demande ensuite que les réformes soient enfin mises en place afin que les banques qui ont été renflouées en 2008 par les États, soient mises au service de l’économie réelle, c’est a dire les entreprises./.. » Posté par L’Equipe de Ségolène Royal dans La présidente des solutions le 6 août 2011
S’affranchir du pouvoir financier encore et toujours plus débridé, pour cela il faut une volonté tenace d’inscrire un sens et une orientation, pour cela il faut être soi-même dégagé des puissances de l’argent. Renforcer le service public, oeuvrer pour l’égalité contre l’inégalité de naissance, faire exister le respect des institutions et de la séparation des pouvoirs, concevoir l’humanité liée par un destin commun, même si chacun doit être considéré à la fois comme appartenant à la communauté avec droits et devoirs, et à la fois comme être toujours singulier. Bref! Etre au coeur de la Chose Politique, dans l’Acte.