9 septembre 1981/ 30 ans


Trente ans que Jacques Lacan s’est éteint. L’honorer, continuer à visiter son dire, s’y référer sans dogme mais avec le respect  dû à ce grand homme, soucieux de vérité, de rigueur de pensée et de pratique, attentif à chacun, rencontré, souffrant. Retourner au « texte » toujours, « casser des cailloux sur la route du texte » disait-il.

lacan

 

Pas seulement une pratique, une éthique, un mode de vivre. De la conceptualisation du symptôme, ce qui ne va pas et que l’on ne veut pas lâcher, au sinthôme joycien, nouage inédit qui tient l’édifice du parlêtre.

Lire les dernières parutions: Ou…pire Le Séminaire livre XIX établi par J-A Miller Seuil; Je parle aux murs (entretiens de la Chapelle Sainte-Anne);  et Vie de Lacan J-A Miller Navarin Editeur.

(re) Voir /écouter La Conférence de Louvain/ et Télévision

Que de bêtises, méchancetés et bévues n’entend-on pas ces jours-ci!  Signes de la passion de l’ignorance, et d’une profusion imaginaire qui comme bien souvent vient voiler un déni de soi, une crainte du réel! Laissons dire JA Miller: « ../ce que l’on désigne sous son nom, reste encore de nos jours honni de tous les courbés pour faire carrière, les forcenés du conformisme, identifiés jusqu’à l’os à leurs insignes, médailles en chocolat, fonctions sociales ou simulacres  cool, …ceux ou celles qui se travestissent en porte-parole de l’humanité, de son bon sens, ou de l’esprit incréé du monde, pour vitupérer les vices supposés de Lacan, acharnés qu’ils sont à lui faire la pire des mauvaises réputations. ..quelques timides adoraient en lui un surhomme, alors qu’il se voyait plutôt comme un malheureux aux prises avec le réel, notamment le réel des autres. » (Vie de Lacan p.20).

Ne pas vouloir reconnaître et dire l’apport majeur  au savoir et à la pensée, la reprise du flambeau freudien, tout aussi bien qu’au vivre/ ek-sister disait-il/ c’est bien sûr « reculer devant son propre désir »; ne pas vouloir savoir (hystérique), douter (obsessionnel), nier (pervers), haïr parce que trop aimer (paranoïa). Qui alors s’en tirera de ce refus? Sans doute pas l’Humanité:  « Plus on est de saints, plus on rit, c’est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, ce qui ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains» (Télévision, Paris, Le Seuil, 1974, p. 29.)

« Le « Un », le « Un » vous dis-je! le « Un » c’est aussi le culte de l’identité de soi à soi, la difficulté à supporter l’Autre, celui qui ne jouit pas de la même manière que vous » J-A Miller  (in Le Point 18 aout 2011) à propos de  Ou..pire  et  de « l’Un-tout-seul. Seul dans sa jouissance.. . Cet  « Un-dividualisme »  qui vient.

 

Tout un programme


Quand je lis le livre de Ségolène Royal  (Lettre à tous les résignés et indignés.. Plon),  j’ai bien envie encore une  fois de lui dire merci. Merci, pas tant pour moi, mais pour nous tous, pour beaucoup de nous en tout cas, pour nous livrer ses visions et ses propositions qui oeuvrent pour notre collectivité. Pas tant pour moi, qui ne suis ni résignée ni indignée; enfin pas trop, mon rapport au monde s’éclairant d’une logique de la causalité et de la responsabilité plutôt que des affects, même si bien sûr le réel du monde est bien souvent insupportable, et c’est plutôt alors la colère qui m’habite.

Cette lettre est vraiment un programme, un contrat social et moral, un pacte : « engagement social-écologique » (25), « responsabilité personnelle liée aux solidarités collectives (13), « socialisme de transformation » (51), parité, séparation des pouvoirs, cercles vertueux (75), « Etat anticipateur » (82), « efficacité de l’action publique », j’en passe.  D’une grande cohérence comme le note M. Mazerolles sur BFM TV dans un édito. assez louangeur! ( voir BFM TV ou Segorama).

Ségolène Royal va vers la vie toujours. Elle n’est jamais aussi belle, aussi simple, aussi vraie  et aussi vivante que lorsque, comme souvent, elle se mélange aux autres, aux gens, aux français, là ou là, banlieues, paysans, ouvriers, écoles..voir l’article du Monde, et sa scéance de dédicace à Noisy-le-Grand . Tout le contraire d’une icône! En grande politique, elle veut que ça marche, elle croit que ça marche, elle va faire que ça marche. Résolument campée contre la pulsion de mort, elle pense que les conditions socio-économiques et politiques sont à même de traiter les symptômes individuels. Tant mieux, elle est à sa bonne place.  Continuer la lecture de Tout un programme

Vérité(s)


Le procureur Cyrus Vance a abandonné les poursuites contre M. Strauss-Kahn considérant que le défaut de crédibilité de la plaignante ne permettait pas de risquer un procès. »Si nous ne ne sommes pas capables de la croire insoupçonnable, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire. » C’est donc uniquement pour cette raison, (on l’espère!) que l’accusé bénéficie d’un non-lieu (ce qui n’est pas d’ailleurs le premier de sa vie). Il n’est en rien innocenté! (On n’ose envisager que le procureur ait pu ou dû se plier aux pressions et contraintes multiples).

Quand on lit le rapport du procureur, on est cependant troublée par un argumentaire qui fait bien peu de cas des états forcément perturbés de la plaignante, pouvant bien sûr, si l’on instruisait autant à décharge qu’à charge, éclairer la confusion des versions diférentes qu’elle donne de ce qui se passe autour  de l’acte, aussi bien que de son arrivée aux USA.On peut aussi y lire :  » La relative brièveté de la rencontre entre l’accusé et la plaignante a d’abord suggéré que l’acte sexuel n’était probablement pas consentant. »

Invention, mensonge, tromperie, duperie, cinéma, on retrouve là toujours les mêmes présupposés lorsque l’on aborde la question du viol (suposé bien sûr). Pas un mot sur les différents mensonges de l’accusé, sur sa vie, ses comportements. Rien. Pas même besoin de dire. Et peut-être même ne surtout pas dire, si l’on en croit ses avocats.

La femme, elle, doit être  insoupçonnable.  (voir  infra  « Le corps meurtri »).  Continuer la lecture de Vérité(s)