Il a fallu accuser le coup, prendre le « grincement du réel » dans toute sa violence. Saluer Madame Royal est la moindre des choses, lui témoigner fidélité aussi, émue et douloureuse que l’on était de la voir ainsi en larmes; larmes amères sans doute, larmes bienfaisantes peut-être aussi après tant de combats, et d’espoir donné sans compter.
Madame Royal est une pionnière. Première femme et première candidate de gauche à être au second tour d’une élection présidentielle dans la République Française, première à plaider pour l’écologie intelligente depuis plusieurs dizaines d’années, la seule à s’inquiéter ainsi authentiquement de ce qui se passe dans les quartiers et les campagnes et les entreprises…
Elle a payé là pour un rapport à la fois sécuritaire et consumériste à la politique. Même si ces primaires, qu’elles avaient souhaitées, sont évidemment un succès (encore que l’on puisse discuter sur l’aspect médiatique et peu présidentiel des débats, ressemblant souvent à des discussions de ministre des finances, et sur la mainmise du monde médiatique sur la politique encore une fois, et aussi s’interroger sur l’appartenance socio-professionnelle des votants, à voir, j’ai quand même ma petite idée). *Sécuritaire, parce qu’il fallait un vote utile, d’appareil, sans doute plus rassurant, et qui promet, pour beaucoup, des postes. Donc deux premiers secrétaires du PS, pour des primaires citoyennes, c’est rien moins qu’audacieux! Tout de même si l’on regarde de près les alliances, c’est panier de crabe. *Consumériste parce que le nouveau, jeune, beau, et talentueux Arnaud, dont je ne critique pas les idées, est tombé pile-poil comme il fallait pour le pouvoir médiatique qui n’eut de cesse d’en faire son poulain, tout nouveau tout beau. Aurélie Filipetti ne disait pas autre chose ce matin à France-Inter: après avoir épanché son « émotion » à propos de Royal,( oui je l’ai vue pleurer la « nuit de Reims », à ses côtés; j’ai vu aussi cette nuit-là M. Valls rouge de colère dire qu' »on ne se laisserait pas voler notre victoire »…), donc, elle dit: « les gens veulent du changement », commentant la percée de Montebourg. Et bien comme changement elle a vraiment trouvé à qui se rallier, elle!
Ségolène Royal aurait donc payer pour le besoin de changement des électeurs. Noble motif! Il est vrai que tout a été fait, je le dis et le répète, pour la mettre hors-jeu, depuis longtemps. Continuer la lecture de Une pionnière indéfectible →