Portrait d’un Président en jeune homme #Macron

Portrait d’un Président en jeune homme  #Macron
Hollande - Macron 14mai17
Hollande – Macron 14mai17

Certes, il avait belle allure, séduisant (intellectuellement surtout s’entend) avec son dire un peu inédit, pas formaté comme un vieux routard de la politique, montrant une attirante élaboration analytique frisant parfois l’allumage guru, mais regardant et pensant loin. (cf. l’entretien  d’E. #Macron à Mediapart qui m’avait intéressée). Charmeur sans doute. Alléchant son « programme » ? Si mince, si trop « futuriste », postmoderne, start-upé, ubérisé et déjà on y devine du creux…
Mais, cependant, bien que pas du tout envoutée, pas transférante une miette, pas dupe (déjà ?), (regrettant, eh oui, le bonhomme tout rond, sa simplicité, sa normalité dont on n’était pas dupe, celant une énigme singulière, regrettant les chausse-trappes dans lequelles il s’était laissé duper par ses bons amis- bon on lui en voulait tout de même de son absence active et décidée au succès possible de Royal en 2007- celui-là qui avait su montrer son élégance et sa grandeur dans ce Paris baigné de sang et d’assassinats,lui autour de qui se rassemblèrent tous les autres en ce jour 11 janvier 2015.. lui humble défait et solennel – oui on le regrette aussi pour ces mesures si mal comprises par les français qui eurent trop tard quelques résultats; il fut torpillé de partout non? radio média ah! France-inter frondeurs même au plus près on a su qu’après comme c’était miné plus le livre ah ce livre que j’ai avalé d’un trait paradigme d’une affaire montée en épingle..) bref cependant.. le nouvel homme-président je l’ai élu par les deux fois sans aucune hésitation ne voulant ni d’une constituante et d’un leader maximo ni d’une fasciste éructante et peu clairvoyante.

Donc revenons à lui, Emmanuel, Manu, mister Président, le bel homme agile de l’esprit et du verbe. Juvénile et viril. La séduction, l’enchantement sans promesses, loin des normes pourquoi pas ? Mais très vite on repère que les paroles restent des paroles, et que les actes politiques ne suivent pas du tout, voire font un 180 degrés. Une tromperie ? A mon niveau d’adhésion non et je ne regrette pas mon vote, mais ce qui advient apparaît comme un symptôme très révélateur du fond des choses.
Le « en même temps » théorisé comme un principe, crée de nombreuses difficultés, et pousse forcément ici ou là soit à l’inhibition soit au passage à l’acte. Le choix nécessite un choir mais si l’on veut faire croire à tous qu’on va les satisfaire, le réel impossible surgit tôt ou tard, et l’embarras ou le déni ou l’évitement qui va avec. Le jingle- ritournelle « nouveau monde-révolution » apparaît vite comme une méprise, même si l’intention pourrait être louable; le « avant moi le déluge » lui aussi est d’une telle naïveté et au fond laisse supposer qu’on prend l’autre vraiment pour un imbécile.
Le risque qu’a pris Hollande en sortant des chemins tracés droite- gauche / offre-demande l’a desservi à cause d’une communication plus bas que zéro, là la com. pourrait desservir celui-ci, alors qu’apparaît une politique résolument libérale de droite sans grande visée progressiste, sans souci des inégalités béantes – (je ne vais rien dire sur l’écologie… too bad !)

Autoritaire et narcissique. Imbu, et par trop voulant se montrer sûr de lui. L’autre face du séducteur brillant…
Le masque tombe, le charme se rompt, l’énigme vient en creux donner forme à une sorte de vide qui parfois dénote une posture chancelante; la parole n’est pas toujours contrôlée, contrôlable; elle lui échappe comme à nous tous, alors son impétuosité séduisante se transforme en vacillement quasi autocrate, on pourrait y déceler un embarras; bref : est-il à la hauteur ? Aurait-il assuré face à une si grande douleur collective des attentats ? Une telle effraction de douleurs violentes, où jamais l’homme-Président Hollande ne fut mis en cause et c’est heureux ?
Son atout principal : il sait que nous n’avons que lui, nous les démocrates. Il doit ne pas jouer cela comme un atout jamais à perdre. Car les populismes, dont il a aussi de la graine, sont là dans le lit, dans son lit, il en partage la couche (au moment où j’écris résonnent en moi toutes ces paroles insoutenables de G. Collomb sur les flots de migrants qui vont nous envahir, paroles jamais démenties, informations mensongères livrées aux français là où devrait courageusement se dire la réalité éclairée; un deuxième Aquarius est arrivé, encore une fois nous n’ouvrons pas nos ports, le Président est comptable de ça, certes ce n’est pas si simple, il faut faire Europe, mais ne devrait-il pas incarner devant nous tous le message de l’accueil? )

Autre chose. Je ne résiste pas à l’envie de relever cette narration de lui-même respectable mais qui dit bien sa fiction :
« J’ai connu les odeurs des fleurs / d’abord chez Colette ou Giono avant de les respirer moi-même… » Comment ? ce bambin ne sortait pas, était enfermé dans une bibliothèque ? n’a pas croisé une seule odeur de fleur réelle, les deux réelles, l’odeur et la fleur, d’ailleurs on dirait plutôt un parfum qu’une odeur non? ah heureusement il y avait sa grand-mère « Ma grand-mère m’a initié au premier Giono, celui de Regain et de Colline, au merveilleux Giraudoux que plus personne ne lit aujourd’hui, à Colette énormément. » Sans doute sans le savoir a-t-il pu être « initié » là à l’ »odeur » d’une femme, sinon son parfum.
« Ensuite, au cours de l’adolescence, il y a eu Gide et Camus. Proust et Céline sont venus après. Un livre comme Les Nourritures terrestres a été très important pour moi, en même temps que j’étais touché aussi par Camus. D’un côté, Gide l’intellectuel devenu sensuel, et de l’autre côté, Camus arrivant de la Méditerranée, avec son côté brut, minéral, devenant intellectuel engagé. Il y eut aussi René Char, pour la poésie ». Diantre que de monde ! et pas des moindres ! Quelle maturité naissante !

Cette construction, cette énonciation toute imaginaire sied à un jeune poète, ne l’est-il pas un peu ? (à 16 ans il voulait être écrivain :  « Etes-vous sûr que vous auriez eu la vanité et l’humilité de devenir écrivain ? La vanité, oui, l’humilité, non. »  ) mais à un Président ? la froideur brutale du réel ne lui est-elle pas trop difficile, heurtante, voir insoutenable? Du coup il faut soit rabaisser, mépriser, soit toucher, embrasser, palper, vérifier que l’autre est bien là en chair et en os et que peut être on va pouvoir le mettre dans .. sa poche. Il y a là quelque chose d’une manifestation de toute-puissance, qui prête à sourire, et qui cause ma tendresse, mais si ça rate ça rend plutôt ridicule et… si ça rate pour lui, ça rate pour nous tous..

Il a voulu faire famille, comme on dit, pas un parti, une famille, un groupe, une start-up disent beaucoup. Autour de celui dont l’attrait pour le théâtre, la jouissance d’être regardé n’est pas feinte (ah cette intronisation au Louvre couvé du regard par son private boy !) donc il était logique qu’il passe par-dessus la jambe nombre de règles institutionnelles, qu’il s’en balance tout en nous serinant le grand couplet de la République exemplaire (ni le premier ni le dernier – en fin le dernier j’espère pas !). C’est tout ce que nous révèle l’affaire de l’homme garde-corps dans lequel il semble bien que l’homme-Président ait mis toute sa confiance (sa vie non j’espère que non pas jusque là). L’encenser, le couvrir, le protéger (alors que depuis très longtemps les alertes ont été lancées sur les coups de tête de celui-ci). Un signe de paternité ? de bienveillance paternelle ? fraternelle? un trait de virilité en miroir, une fascination pour la double posture : je te garde – et je ne me garde pas / je suis le président- je fais comme je veux.
Virilité, paternité sur-jouées ? L’envers et l’endroit n’ont jamais été aussi flagrants chez un président . « Qu’ils viennent me chercher » certes résonne N. Sarkozy, mais surtout on peut décliner ça : seul au milieu de la cour l’enfant qui veut être grand, qui a peur au fond, défie ses maîtres, ses parents, il a fait une connerie, il le sait, mais il défie l’autre; ça peut aussi être le petit qui défie les plus grands, en tout cas cela met en scène un autre -Autre face à qui seul il se tient / idem le voyou, ou bien le reclus faisant appel au gendarme, ou le preneur d’otage, tiens le preneur d’otage pas mal ça – qui est l’otage ? nous ? la République ? Qui est : « ils »? Il le dit effrontément : les pouvoirs les contre-pouvoirs, tous les autres il y a dans cette phrase une énonciation narcissique primaire infantile qui fait demande sous forme du défi. Ça ferait sourire (ça me fait sourire on la voit cette scène de l’enfant pas content qui veut braver le monde entier, on le voir le miroir avec son garde et sa transgression violente). Même pas peur !
L’autre – garde-corps – est un petit autre révélateur de la vacuole humaine, un dévoilement du rien du Président, et de cette nécessité extrême de protection (on ne conteste pas la nécessité de sécurité d’un président et la nécessité d’un coin privé, on a jamais rigolé avec le scooter de Hollande ) là ça frise le trop, le gonflement imaginaire, ou alors ça cache quelque chose on pourrait dire… une sérieuse discordance R/I là où tout de même la seule réponse qu’il nous donne est une intervention quasi privée entourée de ses supporters pas une adresse publique officielle de président qui ferait symbolique(transgression alors, lui aussi mélangeant impunément le privé et sa fonction) les deux corps n’en font qu’un apparemment.L’incarnation se fait auprès des siens. Tous les autres sont dehors..

L’autre le met dans l’impasse. L’autre qui usurpe les fonctions (payé grassement pendant sa « suspension », scellés posés mais impossible de faire la perquisition.. etc.. etc..) et que pourtant il couvre déloge le Président de sa fonction de Président de la RF (avec son consentement ?) révèle le rapport de l’homme Macron avec le pouvoir (ce pouvoir séculaire républicain n’est-il pour lui qu’un pis-aller par rapport à un un pouvoir supérieur ? divin ? monarchique.. ? Cela éclaire au mieux comment il vise les pouvoirs, vise les parlements, veut jouir de plus de pouvoir encore avec son cercle autour de lui, qui il veut comme il veut. C’est en cela que cet évènement fait affaire de la violence de l’état qu’elle vient révéler. Et de la vigilance à garder sur la vitalité démocratique.

(ce ne sont que des hypothèses actuelles – avec tout le respect que je confère au Président #Macron)