Violence, Jouissance, Adolescence

On rêverait que les politiques et notamment « à gauche » veuillent bien enfin s’intéresser à ce que nous appelons la causalité psychique, conception sans laquelle tout débat concernant la violence adolescence ne trouvera guère d’issue. A toutes fins utiles:

*Quand les mots manquent / ETRE LÀ  (Essais de construction) / *Le jeu de Loi

Quand les mots manquent/ ETRE LÀ

*Pour aborder cette  question fort complexe de la violence à l’adolescence, il faut bien sûr d’abord tenir compte des réalités sociopolitiques contemporaines (c’est peu de le dire en ce moment) : injustice sociale, racisme, inégalités, discriminations, conditions de vie difficiles, discours et idéologies sécuritaires ne font que renforcer pour beaucoup les crises identitaires. Il faut souligner la responsabilité des politiques, et les carences institutionnelles majeures : école, justice, police, éducation, prévention notamment. En ce sens la violence de certains jeunes peut être considérée comme notre symptôme collectif. Le déchaînement contemporain repérable à la fois dans le discours et dans les actes (j’en veux pour preuve l’usage encore récent des insultes en lieu d’arguments), l’éloge de la transgression, des fraudes et  tricheries par exemple, allié  l’éloge et à la profusion consumériste des objets et la dépréciation des valeurs éducatives voire à la démission des bonnes autorités ; voilà le bain de jouissance dans lequel doivent naviguer les adolescents. La civilisation en principe est là pour mettre un frein aux jouissances mortifères et destructrices, la morale, l’esthétique, les arts, les sciences, le savoir sont les constituants du vivre ensemble, de même que les lois. Cela d’une façon large s’appelle le politique. La violence, elle, n’engendre guère que la violence.

*Il faut aussi sous un autre angle considérer que la violence existe depuis toujours et dans toutes les classes sociales même si elle ne se manifeste pas forcément partout de la même façon.  Pour certains, il  faut des sanctions, mais toujours des sanctions justes, adaptées et articulées avec une offre vers la vie. Pour tous il y faut de la présence, de l’accueil. Nous ne devons pas cependant en faire des victimes ; l’accueil plutôt que l’empathie, la bonne écoute plutôt que la compréhension, considérer chacun comme singulier plutôt que généraliser, tels me semblent être certains des préceptes à mettre en application. De même faut-il trouver la bonne distance, repérer et identifier les raisons de cette violence (parfois il n’y en a pas) afin de pouvoir pour chacun au plus près cerner la logique de ses symptômes, de son mal-être, voire de ses passages à l’acte. Enfin nous le verrons, il y faut du désir à transmettre, donner le goût à apprendre, (à l’école mais pas seulement), aider chacun à trouver sa propre langue dans le monde des humains, à se désidentifier bien souvent d’une position victimaire, et à consentir aux compromis qui fondent le vivre ensemble.

Pour traiter au mieux cette question très vaste de la violence à l’adolescence, il me semble nécessaire d’insister sur quelques notions-clé  qui vous permettront, je l’espère, quelques éclairages. (nous pourrons bien sûr y revenir au cours de la discussion)

– D’abord, il est souvent dit, et cela est fondé, que l’adolescence est un temps des crises ; remaniement  ou réaménagement des pulsions pour S. Freud, elle est le temps où le jeune homme ou la jeune fille dans la période pubertaire et post pubertaire est mis devant la nécessité de reconsidérer son lien infantile à ses parents, ce qui ne va pas sans une certaine culpabilité ; il y a une chute des idéaux parentaux, une quête inédite vers d’autres objets d’amour, une errance morale et physique incontournable, parfois une mise à l’épreuve de la vie, via une fascination pour la mort, ainsi qu’un choix inconscient à opérer quant à l’identification sexuelle. Tous ces remaniements ne se font pas sans beaucoup de perturbations et de conflits ; parfois ceux-ci sont larvés, cachés, et c’est le repli, parfois  ils sont plus exhibés, ostentatoires, et c’est l’affrontement.

-Il faut savoir d’autre part que la violence est constitutive de l’être humain. S’il y a une spécificité de la violence juvénile, comme je viens de le dire, pace que c’est un temps de remaniements et de découvertes, cette violence existe pour chacun de nous ; nous sommes juste un peu plus, pour la plupart, entrés plus dans le temps des compromis, nous avons  consenti davantage aux interdits, répression, et  sublimations, nous avons plus fait nos choix. Cependant il ne faut pas perdre de vue que des crises peuvent bien sûr émerger même beaucoup plus tard, lorsque quelque chose a été mal refoulé, mal symbolisé, ou bien lorsque la nécessité se fait plus tardivement  d’un remaniement radical, voire d’un acte radical comme le crime ou le suicide. Il est manifeste, par exemple, que des patients en analyse reviennent souvent à leur période d’adolesence pour revisiter ce qui, là ou là, a raté ou pas.

La violence, donc, est constitutive de l’être humain dès le départ. Dans la constitution de l’infans, l’agressivité est une des dimensions avec Eros, l’amour, de la construction du sujet. Je dois là vous dire quelques mots de la formation du sujet dès les premiers mois de la vie ; et notamment ce que l’on nomme « le stade du miroir » .Voici ce qu’il en est :

Le nourrisson ne se vit pas distinct de sa Mère, il n’a pas conscience de son propre corps .Ce n’est que progressivement qu’il va prendre conscience de lui-même, et intégrer les limites de ce corps qui est à lui et différent des autres. Vers 4 mois, il réagit à son image reflétée par le miroir, il sait reconnaître sa Mère et la reconnaît dans le miroir, mais n’a pas encore réalisé qu’il s’agissait d’une image. Vers 7 ou 8 mois survient un stade important pour son développement que Lacan nomme le « stade du miroir ». Cette étape doit permettre au bébé d’identifier ce corps qui est à lui, qu’il a déjà exploré et qui est différent de l’Autre, le premier Autre: la Mère. Quand il se voit dans le miroir, il attend une réaction de cet Autre devant lui. la mère lui nomme cette image ; cela  va lui faire prendre conscience de leur existence distincte, à elle et à lui. Il va chercher confirmation en se retournant pour voir sa Mère derrière (ou à côté de) lui.

Cette étape a une grande valeur symbolique dans l’évolution psychique de l’enfant. Elle le force à prendre conscience qu’il est différent de sa Mère, des autres. C’est une période très importante de distinction, que ce soit extérieur/intérieur ou Moi/Autre (le « Moi » se forme en même temps que se forme l’Objet extérieur, l’un n’existant que par rapport à l’autre).

Cette expérience de l’image spéculaire dans le miroir permet la séparation du je et de l’autre (généralement la mère) qui soutient cette scène par le regard, et aussi par la parole ; cela constitue un plan double : à la fois image dans le miroir, leurre imaginaire de soi-même et fondement symbolique via la présence de l’Autre . Cette incidence de la constitution du sujet est fondamentale, notamment en ce qui concerne le regard (on peut le constater chez les jeunes, avec les sentiments de persécution fréquents via le regard). J’insiste : le plan imaginaire ne peut consister convenablement que s’il est authentiquement charpenté par un axe symbolique pour faire face au Réel. D’autant plus dans la période actuelle, ère de l’image. Il vient en effet se nouer à la fonction symbolique que nous appelons fonction paternelle (cela ne signifie pas le père réel, ça peut-être un autre, c’est toujours là en tout cas pour séparer l’infans et sa mère dont la parole est essentielle). Cela introduit à la dialectique de l’altérité , c’est moi ou l’autre / c’est moi et l’autre.  Cela noue ensemble l’agressivité et l’amour, le rejet/exclusion et l’assimilation/fusion aux deux pôles ; et ceci dès l’enfance dans la problématique de la rivalité, l’envie, la jalousie, mais aussi de l’imitation, du copiage, de l’envie de prendre à l’autre ce qu’il a, le déposséder, porter atteinte aussi au corps de l’autre, comme image de soi, toutes ces combinaisons entre avoir et être. C’est ce qui se rejoue souvent dans les agis de violence, parfois à l’extrême dans les phases de dépression, ou de paranoïa et sentiment de persécution.

Pour certains ça marche mieux que pour d’autres. Cela  donnera lieu dans la construction subjective à différents arrangements : défenses contre l’autre, et son envers, agressivité sur l’autre ; dépréciation de soi, culpabilité et faute mais aussi ravalement de l’estime de soi, dégoût, honte, si quelque chose a manqué ou raté dans la transmission du désir à ce temps-là. Cette défaillance est souvent imaginairement imputée à l’Autre en tant qu’il serait responsable de tous nos maux (ce qu’il est bien sûr pour une part). Qu’un lien d’amour ait défailli, qu’un autre ait été plus aimé, qu’une parole ait manqué pour dire une reconnaissance, voire pire qu’il y ait eu des maltraitances, telles sont des situations qui ont pu faire dérailler toute cette petite machine psychique. A des degrés plus ou moins graves, de façon plus ou moins importante et passagère.

-Toute cette palette de symptômes est repérable notamment via les comportements violents et les insultes et injures ; cela peut être aussi un repli sur soi et une pente suicidaire. Ce sont des symptômes plus ou moins marqués, plus ou moins durables. Signes et passages à l’acte peuvent être aussi bien signes d’une crise passagère, d’un mal-être temporaire, que d’un authentique déclenchement psychotique ; ce n’est pas d’ailleurs forcément le second qui est le plus grave dans l’instant si on sait le reconnaître et l’aborder de la bonne manière. Ce sont souvent des appels, des moments de grand embarras, d’émoi intense où l’adolescent ne sait pas et ne peut pas trouver en lui la réponse, la phrase, la formule, qui pourrait venir faire limite et barrage à ce qui l’envahit, et qu’il ne sait ni reconnaître, ni s’avouer. Une montée sur la scène pour dire j’existe, ou parfois pour ne rien dire du tout, hors-sens. c’est plus fort que lui.

C’est pourquoi il faut inventer des dispositifs pour aider à mettre un stop à cette violence, l’identifier, la traduire, aider le sujet à la reconnaître comme authentiquement sienne, l’aider à prendre acte de ses actes et de leurs conséquences. Que l’on soit éducateur, enseignant, policier, infirmière, psychologue, juge, artiste, (laissons de côté la question des parents, qui sont d’ailleurs parfois les plus mal placés dans ces moments de crise) , il nous appartient, chacun dans son savoir-faire, d’être leurs interlocuteurs, leurs partenaires, de tenter une alliance avec eux. Bien sûr, les champs d’action sont  différents. Mais, en tout cas, un autre leur dit « on se soucie de toi ».

* Je témoigne  en tant que clinicienne et psychanalyste, dans mon expérience avec des éducateurs de prévention, où j’ai beaucoup appris, (et dont je ne pourrai parler davantage ce jour) , mais aussi grâce à l’invention d’un dispositif qui  dans sa conception permet  d’opérer un déplacement quant aux irruptions de violence sur soi, sur l’autre ; cela autorise à inviter le jeune à élaborer quelque peu sur ce qui le mobilise à ce moment-là, et donc à se faire un point de vue sur les dimension imaginaires de ses agissements, de ses craintes, de ses haines. L’idée que nous puissions en tant  que thérapeutes nous soucier à la fois de ce que l’on appelle la scène psychique mais aussi de ce qui tous les jours constitue leur réalité, que nous puissions leur offrir deux fois par semaine un lieu et un temps de rencontre, dégagé autant que faire se peut des contraintes sociales, que nous existions comme autre non jugeant mais pourtant attentif à leurs échecs et leurs réussites, tout cela sans doute leur permet de respirer ; leur permet de jouer sur une certaine présence/absence, inquiétude de l’autre, attente de l’autre, mise à l’épreuve de l’autre. Cela leur permet ainsi de pourvoir s’interroger le plus librement possible: comment faire avec le réel quand celui-ci m’assaille ? Est-ce possible pour moi de reconnaître mes actes, de mettre des mots, et surtout de les entendre ? Vais-je toujours échouer, qu’est-ce qui m’arrive ? Puis-je vous le dire ?

*Je vais vous présenter succinctement quelques moments d’accompagnement et leurs effets. J’ai choisi de vous parler de plusieurs d’entre eux  afin d’illustrer à la fois notre façon de travailler et la singularité de chacun, même si nous pouvons y repérer des traits communs.

Superhéros

Ce jeune homme a des tentations suicidaires récurrentes, il se scarifie, il a décroché de l’école, il veut aller casser la gueule au professeur de son petit frère ; bref dans son mal-être inquiétant il se prend  cependant pour un père qu’il n’est pas, son père à lui chômeur « ne faisant pas le poids » c’est ce qu’il dit. Il arrive après un chemin semé d’angoisse, de tentations suicidaires, et de bagarres. Il a décroché de tout. Il faut d’abord l’accueillir tel quel sans chercher à le démentir : cette double position subjective, superhéros et  valant moins que rien, nous devons la prendre au sérieux ; en effet il n’est pas sans savoir sa fragilité, et l’irruption toujours possible de sa violence, cette envie soudaine de « casser la gueule » à quelqu’un puisqu’il est le plus fort. Il se plaint de ses crises qui ne le laissent pas en paix ; « c’est impulsif, je ne peux pas m’empêcher, je n’ai plus la notion du bien et du mal, je peux aller jusqu’à tuer quelqu’un ; je vois ma force décupler ». Il explique ses passages à l’acte (TS et automutilations) comme un moyen pour « abréger » sa souffrance. Dans ces moments là il casse les objets, s’en prend aux murs…Il a manqué d’autorité parentale et de la présence de son père, sa mère a du mal à parler avec lui, il y a des disputes. Il est très préoccupé par les questions de la virilité, il est en quête de ce qui fait signe  de cela chez lui et chez son père aussi bien. Son goût pour les sports de combat notamment, pour les motos, les voitures, son attirance pour la bagarre indiquent comment il essaie ainsi de s’affirmer. Mais ce jeune homme est aussi assez artiste « poète » : dessins, pliages, jouer de la musique font partie de ses activités. Il alterne ses différents pôles d’intérêt sans vraiment pouvoir trancher.

Au bout de deux ans l’agressivité s’est amoindrie ainsi que les idées suicidaires. L’enjeu majeur, il l’a compris, est de montrer au père qu’il est capable. Il doit se prouver aussi des choses à lui-même. Mais il est aussi pris dans la faute et la culpabilité notamment lorsqu’il invente des choses transformant ainsi la réalité, sa réalité, difficile à accepter. Il dit souvent qu’il doit avouer, doit-on entendre qu’il doit s’avouer à lui-même qui il est ?

On ira le voir quand, pétrifié, il ne pourra pas se déplacer ayant peur de sortir et de tout casser, on l’attendra, l’appellera quand il disparaîtra, mais sans jamais lui faire signe d’une injonction. On prendra le temps pour qu’il puisse chercher des formations, choisir, hésiter ; quand il échouera ou fera croire qu’il y va, ou bien tout simplement ne pourra pas, on reprendra cela avec lui.

Ce passage  lui a permis une pacification, une identification du lieu caché de sa colère et de son adresse : la mère, et l’insoutenable pour lui d’être délogé dans son  amour par le petit frère, dès l’enfance ; il dit qu’ « alors il a détourné le regard » mais ce regard est toujours là qui l’envahit parfois. Nous aurons permis qu’il puisse localiser cette jouissance-là, lui donner sens, et l’amenuiser ; faire sienne sa violence et sa cause.

Le retour sauvage de la pulsion

Le premier contact déjà est difficile avec cette jeune fille; elle montre une grande agressivité verbale à mon encontre, ainsi qu’envers l’institution. On peut y entendre un refus, et une certaine massification de la haine de l’autre. Cependant à la suite d’un entretien elle sait se montrer posée, engagée, et surtout assez lucide sur ses agissements et leurs conséquences possibles, elle dit avoir là une chance à saisir. Alors elle se met au travail: respect des exigences, acceptation des contraintes, retour réussi à l’école. Dans le même temps, elle déplie dans ses entretiens toute une palette de ses affects et de ses identifications: rejet et haine de la mère, deuil impossible du père, amour pour celui-ci, fascination pour sa violence. Elle sait repérer combien sera difficile pour elle de se déprendre de cette pente à la destruction. Dans le présent, la question essentielle est de se séparer de son ami qui est violent et dangereux pour elle. Elle a bien repéré qu’elle recherche là quelque chose de son père. Les choses tiennent, avec ici et là quelques absences. Mais elle revient alors, dit qu’elle avait “la rage” et se remet au travail.

Puis elle est enceinte. On est impressionnée par son discours alors si normatif, comme si déjà la maternité était pleinement intégrée et accueillie. C’est là où la déchirure se produit. Quelque chose en elle ne tient pas, est trop profondément désuni entre ce qu’elle voudrait bouger pour elle-même et peut-être au fond, dans le travail d’accompagnement, pour l’autre, (tant les contacts avec moi pouvaient paraître authentiques et confiants notamment lors de mes visites à sa résidence) ; désunie entre cela et ce qui la mobilise au fond d’elle-même sauvagement. Au moment de la rencontre avec ce devenir-mère, elle s’engouffre à nouveau dans la violence comme si rien ne pouvait l’en détacher. Elle nous dit avoir porté plainte contre son ami pour une agression, en fait elle consent à se faire battre; rien n’y fera, et nos interventions répétées ne pourront rien contre cette décision inconsciente où elle reproduit la violence parentale.   Elle rompt tout lien avec moi-même. Cette rupture elle l’endosse, c’est contre elle-même qu’elle opère, comme si aucune main tendue à ce moment-là ne pouvait être attrapée. La précipitation pulsionnelle, qui la fait être objet de la violence de l’autre jusqu’au pire, comme une mauvaise rencontre répétée avec le père, va contre l’effort à fournir pour introduire une élaboration symbolique. C’est le réel sauvage qui l’emporte.

Ce n’était ni l’heure ni le moment. Là où elle voulait tant se séparer des “mauvaises choses”, ça ne cède pas, elle a encore à traverser cette douleur d’elle-même. Peut-être plus tard sera-t-elle prête à saisir l’opportunité d’une autre rencontre.

Offerte

Elle a subi des sévices sexuels de la part de son père adoptif, enfant, pendant pas mal de temps. Au début, elle ne m’en parle pas sauf par sous-entendus, le soir, quand elle m’appelle et qu’elle va mal. Elle  ne vient jamais à ses rendez-vous ou alors en retard ou alors les jours où, bien qu’étant là, je ne l’attends pas. Mais elle appelle tous les soirs à 11 heures angoissée, vérifiant que je suis là. Je devrai me déplacer à son lycée lorsqu’une crise d’angoisse provoque chez elle une paralysie des membres inférieurs très invalidante. Le soutien alors de mon regard, me dit-elle, face aux enseignants, l’apaise.

Quand elle parle d’elle  et de ses rencontres avec les hommes elle dit « je m’offre, je ne sais pas dire non », ça fait quand même un peu problème pour elle, elle fume beaucoup, se dégoûte ( je fume c’est lui qui gagne). Il y a une rencontre avec un homme (un médecin) qui s’occupe d’elle et dont elle dit qu’il ressemble à son père. Répétitions, mauvaise rencontre, ambiguité de la relation qui ne devrait pas l’être, « il a des gestes qu’il ne faut pas », pense-t-elle. Elle le rencontre juste avant ce moment où elle somatise beaucoup, sujette à une paralysie aux jambes. Elle dit ne plus pouvoir se déplacer, elle veut dire non peut-on dire dans l’après-coup, et n’y arrive pas. Elle évoque une scène de violence qu’elle agit sur le père lors de la dernière entrevue avec lui; c’est le moment où elle quitte la maison, elle se dresse contre lui. Elle parle à ce moment là du souvenir qu’elle a du regard de son père, regard qu’elle couple avec mon regard qui est vide dit-elle; elle ne se rappelle pas de son visage mais il a lancé un regard. Elle veut aussi une femme dont elle puisse faire ce qu’elle veut (la laisser tomber) ; sa mère génitrice l’a laissée tomber, elle dit qu’elle est à la même place qu’elle. C’est ce jour là où elle me raconte cette scène et d’autres choses et me dit « mon père est responsable, il a fait une faute pourquoi c’est moi qui pâtis? » puis « j’y suis pour quelque chose, je ne suis pas une victime, il y a des moments où j’étais femme avec lui ». Jusqu’alors elle se rend parallèlement chez une victimologue et tout le silence autour des violences est entendu comme je suis une victime; elle dit « c’est ma faute  je fuis je fuis, est-ce que je vais répéter ce phénomène toute ma vie? j’ai envie d’être reponsable ». Ultérieurement, continuant à venir me voir pendant deux ans, elle put mettre au travail cette question de la responsabilité/ culpabilité. Puis, elle décidera d’intenter une action en justice ; et aussi de s’engager dans une ONG.

Lle rendez-vous impossible

Il a rendez-vous avec la mort dit-il. Il a traversé dans l’enfance une épreuve avec la mort de façon ravageante ; cela a raté. Il rate ses rendez-vous ne s’en souvient pas. Il rate l’école ; il aime le dessin et veut s’inscrire dans une école d’art. Je l’attendrai souvent, je déplacerai ses rendez-vous, je me mettrai à sa demande en contact avec sa mère vis-à-vis de qui il exerce une violence verbale mais aussi physique, tant il la rend responsable de l’état psychique dans lequel il est. Il faudra ne pas se leurrer sur qui il est, malgré son aisance à verbaliser, voire à théoriser son malaise. Il  faudra ne pas reculer à reconnaître une psychose grave qui mérite aussi un traitement psychiatrique. On ne peut que déplorer une fois encore les carences d’accueil de ce côté-là.

Se faire légère

Elle revient de loin ! Elle a décroché de l’école en 3ème ; elle avait été plutôt une bonne élève. Elle a rencontré un garçon dont elle a subi les coups pendant deux ans. Elle-même a agressé au couteau une autre jeune fille dont elle était jalouse. On peut supposer que c’est le décès de son père, chez qui elle a vécu longtemps, qui va l’amener à demander de l’aide. Il faudra une longue année de coups et contrecoups pour que l’on puisse constater le bénéfice de l’accueil. Elle sera passée par :  garde à vue, cambtiolage, harcèlement par un copain, et de nouveau violence, chutes multiples, vol d’argent etc… Pour à ce jour entamer une formation en restauration. Tout le long être là, ne jamais la juger, veiller au grain… Pour qu’enfin elle aborde au bout de tous ce temps la question de son surpoids et des solutions qu’elle envisage. Sa méfiance démesurée vis à vis de l’autre avait enfin un peu cédé.

De fille à femme

Elle arrive  avec une jambe dans le plâtre suite à un accident de scooter. Elle aussi a décroché de la scolarité. Elle a tenté de mettre fin à ses jours suite au décès de son père. Il faudra beaucoup de temps et de patience pour l’accueillir, l’écouter sans chercher surtout à vouloir rééduquer cette angoise. La psychanalyse nous enseigne que l’angoisse est aussi fondatrice et structurante. Elle n’est pas en tout cas  évacuable par le dressage. Le sujet doit se mettre à l’épreuve de ce qui le traverse pour trouver ses vérités. On frôlera souvent le passage à l’acte suicidaire chez cette jeune fille, tant cette perte est insoutenable, elle qui se rêve en fille vierge auprès du père pour toujours. Il faudra se déplacer plusieurs fois à son studio ; juste être là. Enfin l’objet aimé s’éloignera peu à peu et elle pourra retrouver goût aux études (actuellement 3ème année de droit) et … tomber amoureuse.

Le soldat

Pour terminer, évoquons le cas de ce jeune homme comme on en croise beaucoup. Il apparaît volontiers comme un ange mais il a des accès de violence terrible, des sortes de furie pendant lesquelles plus rien ne tient, plus rien ne vaut. Cette dualité, ce conflit majeur, provoque des altercations répétées avec ses employeurs (restaurants) ; il y faudra là aussi beaucoup de temps pour déplier les nouages et les défaillances à la fois symboliques et imaginaires. Il faudra savoir  prendre la mesure de ce qui fait symptôme. Ce jeune garçon trouvera sa solution en s’engageant dans l’armée, ayant pris conscience de la fonction substitutive familale que celle-ci peut lui garantir. Et pourquoi pas ? A ce propos, je tiens à dire que nous ne devons faire preuve d’aucun a priori. Je l’ai dit c’est un âge des remaniements, où tout vaut et rien ne vaut. Exceptés les stricts interdits fondamentaux  et les mises en danger majeures, nous nous devons, en tant que thérapeutes en tout cas, de pouvoir accueillir chacun dans sa singularité sans appliquer à outrance une loi morale, cette loi du « pour leur bien » qui souvent en rajoute sur leur jouissance mortifère. C’est évidemment de plus en plus difficile dans une société qui vise le risque zéro. On en constate pourtant tous les jours les effets  en retour. Il faut les laisser respirer. Ce n’est bien sûr pas sans  risque, mais c’est en leur permettant avec notre appui de pouvoir errer, qu’ils trouveront et construiront leurs étayages identificatoires. (on a pu constater notamment en prévention combien pour certains jeunes la prison était hélas un passage presque obligé, voire convoité).

* Pour conclure

A l’aide de ces quelques portraits de jeunes et de leur parcours , nous pouvons évaluer le chemin parcouru et  l’effectuation d’une opération qui grâce à la rencontre avec un autre, dans un lien de confiance plus ou moins élaboré, a permis à chaque coup une certaine cession de jouissance mortifère et de violence ; parfois cela a tourné court, souvent cela a réellement donné lieu à une certaine transformation, un déplacement du rapport à soi-même et du rapport aux autres.

Nous avons pu noter comment une violence vient à s’exprimer contre soi-même, mais aussi contre d’autres. L’élaboration a souvent aidé à repérer, identifier, certaines des causes de cette violence. Relation douloureuse voire ravageante au père ou à la mère, défaillance de l’un ou de l’autre voire des deux, imposture de vouloir se croire ce que l’on n’est pas et donc hiatus complet entre position imaginaire et réalité, sont entre autres autre les points de butées et les sources conflictuelles intimes de ces jeunes personnes. Discordances qui ne peuvent se dire dans un temps que par la violence, elles viendront petit à petit à être reconnues pour chacun comme ce qui le constitue. L’inavouable pourra être nommé comme part de l’intime.

En effet c’est dans le lien à l’autre, le consentement d’abord à bien vouloir faire appel puis à consentir au compromis, entrer dans l’échange avec un autre, se mettre un peu sur le tapis, que chacun pourra peut-être trouver son mot, « s’apparoler », s’entendre avec lui-même et avec tous ses autres qui l’ont menacé, lui ont fait défaut, ne l’ont pas écouté…s’éloigner de ce qui de la pulsion veut toujours aller au-delà pour se satisfaire ; trouver le goût au savoir, la curiosité de soi et du monde, ne plus craindre le plaisir. Trouver ses mots et sa formule.  Pour cela il faut du temps, considérer chacun comme « chaque-un » et consentir à partager nos savoirs sans tout le temps se réfugier derrière un drôle de secret professionnel. Cette mise en réseaux est essentielle.

Contre une jouissance toujours plus ou moins mortifère qui vise l’autre ou soi-même, face  aux difficultés pour différer  une jouissance pulsionnelle immédiate, qui ne supporte pas la frustration,  sous le mode notamment d’une consommation immédiate des choses,  des objets et des autres, essayons par notre présence, nos dispositifs, et nos savoirs partagés autant que possible, de les aider à distancier et à trouver la voie vers le plaisir, plaisir d’apprendre, de vivre, d’aimer ; le plaisir, « liaison de le vie » (Lacan Ecrits 821), qui, lui, engage toujours des compromis et des limites.

 

Ouvrages de référence

H. Wallon : Les origines du caractère chez l’enfant

S. Freud :  Pulsions et destins de pulsion / Inhibition, symptôme, angoisse/ Trois essais sur la théorie sexuelle/  La vie sexuelle

J. Lacan : Ecrits L’agressivité en psychanalyse/ Introduction théorique aux fonctions de la psychologie en criminologie/ Le stade du miroir comme formateur de la fonction du je/ Subversion du sujet et dialectique du désir (32)

A. Aichorn : Jeunes en souffrance

H. Arendt : La crise de la culture

E. Meublat :  Instant de voir-Instant de dire/ Ruptures/ Le jeu de Loi- terre du CIEN/ Cette jeunesse notre symptôme

Le Monde : dossier du samedi 3 avril 2010

 

LE Jeu de Loi

C’est lors de rencontres régulières avec des éducateurs de prévention en banlieue parisienne, et au fur et à mesure de nos échanges, que s’est fait jour en moi l’idée d’un passage insistant et répété par la prison pour de bien jeunes hommes[1]. Me revint alors en mémoire le jeu de l’oie, ce jeu d’origine divinatoire et initiatique qui naquit dit-on il y a 32 siècles dans la ville de Troie. Parcours circulaire, labyrinthe, on s’y déplace à coups de dés sur 63 cases. On peut y avancer à grands pas, s’y retrouver en prison ou dans le puits, passer son tour…. Itinéraire chiffré et accidenté, scandé par des oies toutes les 9 cases, plein de tours et de détours, il fallait y lutter à l’origine pour conquérir une cité[2]. Ce jeu de l’oie devenait pour le coup jeu de loi.[3].***

Sans trop généraliser, il y a donc pour pas mal de garçons et de jeunes hommes un passage par l’enfermement de la prison qui prend forme de nécessité. C’est alors et alors seulement que l’on pourra prétendre à être un homme. Ainsi en témoignent les éducateurs qui sont à leur côté. Loin de stigmatiser cette jeunesse, je m’efforce d’amorcer ici une lecture des coordonnées inconscientes repérables dans leurs trajets.

Il ne fait pas de doute que beaucoup de jeunes sont marqués du sceau du malaise, des impasses de civilisation. La marchandisation, la dictature consumériste, ils en portent les marques et en paient le prix, là où l’arrimage symbolique de la fonction paternelle a été englouti par le raz-de-marée de la jouissance généralisée. J’entends là combien ces jeunes porteurs-symptômes du mal-être convertissent leur difficulté subjective en tentative et tentation de jouir de l’autre. Cette confrontation toujours pénible avec la pulsion de mort, on l’entrevoit dans toute une série d’actes qui ne sont pas bien sûr à mettre au même niveau mais qui ont tous à faire avec le déchaînement pulsionnel, avec cette jouissance dont on ne sait que faire, avec l’impossible jouissance de l’autre, du corps de l’autre: “on ne peut (en effet) jouir que d’une partie du corps de l’autre” nous indique Jacques Lacan[4].

Nous sommes passés de l’ère freudienne de la civilisation comme renoncement à la pulsion à un nouvel âge, celui de « la satisfaction pulsionnelle généralisée, permise, promue, promise », disait Jacques-Alain Miller à France Culture le 2 juillet. Comment s’étonner alors (sans pour autant les cautionner) de toute cette série d’actes délictueux du vol au viol en passant par l’agression? Dérober, entamer, prélever, violenter, prendre les objets de l’autre, prendre l’autre pour un objet, telles sont leurs réponses à cette injonction de jouir, énoncée comme ce que l’autre me doit, ce qui me revient, ce qui me manque : portables, vêtements, prêts-à-porter, prêts à consommer, prêts à jouir. Cette rage de détruire soi-même ou l’autre est ce qui n’a pas été noué à l’idéal, ou plutôt je dirais : elle est, elle ex-siste comme indice du réel parce que nous sommes dans une “civilisation dont les idéaux seront toujours plus utilitaires, engagée qu’elle est dans les mouvements accélérés de la production”[5]. Ce n’est pas pour rien qu’une question revient sans cesse auprès des éducateurs: “à quoi tu me sers?”

Est-ce qu’alors le passage par la prison serait à toute fin une invention, une trouvaille, une réponse là où la demande faite à l’Autre : “arrête-moi” reste bien souvent en plan? La prison comme sanction serait alors à la place d’une scansion pour reprendre l’idée avancée par Philippe Lacadée, une tentative de barrage illusoire à la jouissance.

Sans exposer ici plus spécialement l‘histoire de l’un ou l’autre, on peut témoigner du caractère souvent infantile de ces jeunes, de leur souhait intime de résoudre des conflits dont ils ne savent que faire, de leur préoccupation à vouloir être un homme. « C’est parce que je suis un homme que je cogne ma copine » dit l’un d’eux, il ajoute « et parce que tous les copains le font ». C’est ce « j’arrêterai quand j’aurai des gosses » qui revient comme leitmotiv. Cet autre, arrêté pour viol et port d’arme, qui a peur de dormir seul la nuit. Ou celui-là encore qui sait qu’il n’en serait pas là s’il « s’était calmé ». Ou celui–là qui à 13 ans « veut aller se faire sauter en Palestine »…Écart récurrent entre la pulsion acéphale et le nouage par l’idéal.

Être un homme. Cheminer par l’Œdipe, au-delà de l’Œdipe, par les identifications, régler l’adolescence, consentir aux frustrations… Parfois quelque chose chez le sujet rate, sans doute pour chacun de nous, mais parfois plus que de raison la frustration pulsionnelle non (ou mal) assumée prend forme d’agressivité ; les pulsions du moi comme pulsion de mort prennent le pas sur les « forces de la vie ». Ainsi nous dit J. Lacan pour être un homme il y faudrait une « identification résolutive » : “crises, sevrage, intrusion, Œdipe, puberté, adolescence, refont chacune une nouvelle synthèse des appareils du moi dans une forme toujours plus aliénante pour les pulsions qui y sont frustrées, toujours moins idéales pour celles qui y trouvent leur normalisation.”[6].

Être un homme? Ou et comment penser l’étayage identificatoire? L’agressivité en place et lieu de la force[7], la violence en place et lieu de l’amour, la jouissance, toujours en excès, en place et lieu du désir, défense contre le réel. À quel Autre emprunter pour un temps les traits, à quel Autre adresser pour un temps ses questions sur la vie, à quel Autre supposer un savoir?

Ainsi est-il sans doute plus aisé de dire “je suis un délinquant” ou bien “je suis un produit de la banlieue » (j’apprends en effet que certains d‘entre eux retournant non sans ironie le message, fabriquent pour les vendre des tee-shirtainsi « imprimés”) que de dire « “je suis un homme”, ce qui, dans sa pleine valeur, ne peut vouloir dire que ceci: “je suis semblable à celui, qu’en le reconnaissant comme homme, je fonde à me reconnaître pour tel” »[8].

Le jeu de loi alors, qui fait de nous des parlêtres sur le chemin, prend toute sa consistance dans cette foutue case de la prison où l’on ne peut pas ne pas passer, où l’on s’arrête, où l’on se fait arrêter : “se faire arrêter faute de trouver une solution pour arrêter » comme l’avait repéré Jocelyne Huguet-Manoukian à propos d’un jeune garçon[9]. Opération de privation bien réelle, mais aussi de frustration, mise à l’épreuve du manque, ainsi en témoignent les propos rapportés de ce jeune dont le souci majeur au cours de son incarcération était de se demander à propos de sa copine « qu’est-ce qu’elle fait quand je ne suis pas là ? », s’inquiétant de la supposer désirer ailleurs. La case prison permet-elle alors à ce jeune homme d’entrevoir le lien de l’autre au désir, qui éclaire le sien propre, et du coup l’articulation de la loi au désir ? Gageons que nous puissions leur offrir d’autres solutions, d’autres détours, pour les accompagner dans l’inévitable consentement à la castration, manque-à-être fondamental pour tout parlêtre. Que d’objet de jouissance, que d’objet pour jouir et d’objet à jouir, ils puissent faire le chemin vers la cause du désir. Que là où était cette jouissance vienne le plaisir, « liaison de la vie »[10].

Bosses, tracas, blessures, violences, il arrive que le souhait se fasse chez eux d’une mutation, qui prend bien souvent l’allure d’un vœu de paternité.

Terre de CIEN 2003

 

 

 

 

 

 


[1] J’assure là auprès d’eux, en tant que psychologue, des supervisions. Celles-ci ont lieu sous forme de conversations. On y parle librement des jeunes qu’ils rencontrent.

[2] Dans Libération le 1er juillet un « jeu de lois » y promettait l’arrivée à la cité idéale Sarkoland après le passage par la prison ou la garde-à-vue Les cases contenaient des extraits des articles des nouvelles lois Sarkozy.

[3] L’appel à la loi convoquée ici pour mettre un frein à la jouissance ne peut se substituer à la Loi du langage pour tout sujet, fondée sur l’interdiction même de jouissance : « La jouissance est interdite à qui parle comme tel », elle « se fonde de cette interdiction même ». Elle ne peut alors être que « sous-entendue ». Au « jouis » de la Loi le sujet répond « j’ouïs ». On se reportera à Lacan J., Ecrits, p. 821 ou bien encore Le Séminaire, Livre XXII, RSI, leçon du 15 avril 1975 et Livre XXIIILe sinthome, leçon du 13 janvier 1976.

[4] LACAN J., Le SéminaireLivre XXEncore, Paris, Seuil, 1975, p. 26.

[5] LACAN J., “Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie”, Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p.137.

[6] Mais alors il se peut que “la tension agressive intégrant la pulsion frustrée chaque fois que le défaut d’adéquation de l’”autre” fait avorter l’identification résolutive, détermine par là un type d’objet qui devient criminogène dans la suspension de la dialectique du moi. » Voir pour tout ce développement ibid, pp 141-142.

[7] LACAN J., “L’agressivité en psychanalyse”, Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p. 120.

[8] ibid, p.118.

[9] Intervention à la journée du Cien , Rencontre Pipol, Paris, Juin 2003.

[10] Le plaisir qui, plutôt que la Loi, « apporte à la jouissance ses limites ». J. Lacan, Ecritsop. cit., p. 821.