Vers 2014


 

vx_eva

N’ai je plus rien à dire? Suis-je comme une poule devant un peigne à rester muette devant l’étrangeté du réel politique, de l’action politique qui est plutôt  l’initiative du non-faire des retournements, donc d’un certain immobilisme, ainsi qu’en est l’issue lorsque l’on fait la même chose et son contraire?  Bref d’une praxis politique qui semble animée d’une idéologie soit londonienne (pour l’idée du brouillard) soit moralisante ? Sociale-démocrate? Est-ce une praxis qui vaut pour maintenant et qu’a-t-elle à porter de neuf devant le déferlement spéculatif?

Ai-je difficulté à trouver l’angle pour dire nos glissements nationaux…à les mettre en mots, à les penser, voire même les concevoir, de même que l’interprétation vient à manquer à l’écoute d’un patient qui ratiocinerait sans cesse, sans qu’une pointe vive de son « âme » vienne à se dire, sans qu’il ne cède rien de sa défense pour « révéler » son désir? Ne pas déranger, ne rien déranger, ne pas mécontenter les « siens » (encore que). Jouir en rond. S’adapter, croire réformer sans déplaire, aux puissants surtout d’ailleurs; l’offre plutôt que la demande, le marché plutôt que l’égalité; etc..Le calcul, si calcul il y a, est risqué, car il engendre un mécontentement qui trouve à s’alimenter à la fois dans ce défaut de justice sociale et dans certaines positions peu sages, surtout venant de ceux qui se prétendent « plus gros que le boeuf »…Sauf si ce personnel politique là n’était pas prêt finalement à prendre le pouvoir; sauf si au sommet on n’avait pas vraiment « une vision », une détermination, sinon celle de durer, d’accommoder, comme on accommode les restes. Certes les restes  d’avant étaient partie congrue mais..ne faut-il pas alors bêcher, creuser, semer, retourner la terre, avec courage? Bien sûr la France (et l’Europe avec) est en chantier, mais on dirait que les contremaîtres des cabinets ministériels sont les seuls détenteurs du pouvoir. Où sont les penseurs, les inventeurs, ceux sur qui on pourrait s’appuyer même s’ils dérangent un peu? Verra-t-on Ayrault valser et Vals être ce héros ? Dommage, le premier  me semble un peu plus déterminé côté Gauche que l’autre, et peut-être même que notre Président « pas touche réformes », adieu réforme fiscale?..Les praticiens dsk au pouvoir pour l’éternité..et puis c’est tout? D’autres s’agitent, parfois trop, empiétant parfois sur le champ privé à vouloir si bien faire; d’autres, on ne les entend pas, l’écologiste par exemple, que peut-il? D’autres s’étonnent, proposent, visent la suite du pouvoir; d’autres se taisent (déçu(e)s?); d’autres s’accomodent des contraintes et des renoncements du « pouvoir ». Toute cette armée aux manettes donne l’air d’un certain désordre doctrinal, même si sans doute des choses simportantes ont lieu. Mais…où est la ferveur, la détermination éveillée, la voix éclairante, éclairée?

Le malaise dans la civilisation sous son nom de « crise » semble être  devenu une maladie chronique, une dépression permanente, que la mélancolie seule pourrait habiller. La joie hystérique même excessive, revendiquante, et parfois noire, serait-elle recouverte par la haine paranoïaque? Plutôt être contre (tout) que pour, dire non sans cesse, ne pas vouloir du oui au monde, à l’autre, au devenir, le être-avec.

Les enthousiasmes collectifs ont disparu, les joies partagées, les fraternités se font revanchardes, coléreuses, sectorielles, amalgamantes, injurieuses. Des chrétiens, trop nombreux, se font haineux, discriminants, des ceci, des cela..On a tendance à essentialiser chaque groupe, chaque catégorie, à en faire un tout qui aurait le même comportement, le même destin. N’est-ce pas aussi cela le racisme, de penser un tout d’individus comme mus inévitablement par le même destin, dépourvus d’aucune décision autonome individuelle singulière ? C’est bien loin en tout cas de la révolution freudienne, de l’invention psychanalytique et de sa richesse éthique, qui donne à chaque sujet sa décision insondable d’être, au-delà des identifications. (Pourtant qui maintenant ne la convoque pas, « la » psy », sans vouloir rien en savoir?).  La préhension totalisante des groupes humains, musulmans, prostituées, roms, autistes, etc… est une conception fausse et dangereuse d’une société qui ne pense plus chacun comme élément unique constitutif d’un tout (et même ce tout doit rester ouvert,  non exclusif pour pouvoir accueillir l’autre comme il se doit).

Les « Putes » et leurs féministes, gardiennes de l’ordre, dans leur déni de l’espace inconscient des fantasmes, leur incompréhension du monde vivant de l’imaginaire non clos, jouisseur; des femmes qui ont  peur de leur Jouissance ? Attention à ne pas s’embarquer dans une sorte de  féminisme d’Etat qui détiendrait la vérité . Une pente à l’identification projective monolithique à toute misère féminine, là où cela ne les regarde pas l’intimité d’une femme, alors qu’il y a tant à faire sur les questions socio-professionnelles. Naïveté, inefficacité, dangerosité de cette loi. Dire vouloir le bien d’un « toutes » qui n’existe pas (et les « tous »?) parfois contre leur avis, mais surtout ne pas prendre les bonnes mesures = quoi?  Une loi contreproductive, aux effets certainement néfastes. Encore une fois c’est la lutte contre la misère, les trafics, les réseaux (idem Roms) qui doit être au coeur des actions publiques. Mais..certaines féministes préfèrent s’avancer avec une analyse bancale et à courte vue sur l’esclavage pour toute femme qui use (et abuse?) de son corps. Et pour toutes les femmes. Usons, abusons, de nous, de nos Jouissances..de nos corps si ça nous chante.

Dieudonné, lui, incarne son nom jusquà l’extrême, réélisant son être;  on en fait trop, on le fait Jouir, et d’autres, avides de se sentir différents, de se « faire remarquer », à sa suite. De tous temps les grands délires se sont construits à partir des thèmes les plus « pointus » (juifs, arabes, nègres, l’autre persécuté/persécuteur). Laissons la justice oeuvrer, cela est bien, respectons la séparation des pouvoirs; et n’allons pas trop faire des salamalecs aux sunnites saoudiens, dont les femmes n’ont pas le droit de conduire des voitures. Pour leur vendre des armes? Ici contre l’antisémitisme, et là-bas avec les régimes forts, sexistes..

Sur les réseaux sociaux, la liberté génère des paradoxes : souvent on veut enfermer, interdire, on a vite fait de condamner ou de traiter de con ou d’enculé celui qui ne pense pas comme nous, comme dans la vie quoi, au bar du coin, au dîner de famille, sauf que c’est plus anonyme et encore.. mais l’Etat veille, la grande police armée veut nous mettre au pas. La NSA nous piste et nous acceptons. Mais que faire ? Sinon rien ? Merci Snowden.

L’insulte, l’injure, les propos racistes et discriminants, les digues craquent, la parole est lâchée, celle-ci qui en 68 rêve « sous les pavés la plage » mute en un monstre  raciste et haineux. Trop de lois, trop d’interdits. Il faut pouvoir dire et parler et penser, même mal. Le monde mondialisé, dans son envers, par sa force destructrice, insécuritaire, pousse à l’amalgame et au fond à une certaine débilisation humaine. La mutation subjective s’accompagne d’une coagulation sectaire. Il est bien regrettable que ce soit à la fois les tenants de l’amour du prochain, dans leur course compétitaire face à l’Islam, (mais aussi toute religion quand elle se veut à la fois victime et maître suprême, colonisatrice), et hélas aussi les tenants à la fois d’un réformisme mou et confus, ou bien d’une certaine idée du socialisme  dans sa dimension idéologique autoritaire, (comme faire le bien de l’autre contre son gré), qui fomentent une alliance contre nature génératrices de haine. Sans doute parce qu’une certaine droite au fond pas très républicaine ne supporte pas la défaite et l’alternance des pouvoirs, créant un « climat » détestable, sans doute aussi parce qu’il y a trop de lois qui interdisent, sans doute aussi parce que le pouvoir actuel est défaillant non pas dans sa détermination mais dans la voie choisie, trop confuse, trop vide de sens, trop peu harmonieuse dans ses analyses et ses points de vue, trop peu visionnaire (on le savait déjà aux primaires, et on connaît le manque de débats au PS par exemple). La praxis politique est sans éthique i.e elle marche au coup par coup, le nez planté au vent du réel sans cap… Certes le temps est à l’heure du Réel sans loi mais le politique devrait pouvoir faire lien. Un seul exemple : aider et accompagner les entreprises impose-t-il de sombrer dans un mode libéral ainsi ? (CICE sans contrepartie qui ne crée pas d’emploi, réforme bancaire au gré des banquiers, réforme fiscale pas faite, un coup ici un coup là, parfois on se dit sont-ils socialistes, ou bien sont-ils si nuls? L’absence de discours clair, au sens où il est acte, est déjà un discours; la parole a un effet sur la chose. La haine alimentée par le discours, l’indécision, l’imprécision, la fausse promesse, voire le mentir-vrai, cela n’est pas une bévue, c’est la logique d’une causalité. Son effet est ravageur, gonflant l’emprise imaginaire du chacun pour soi, contre l’autre, là où il est nécessaire de remettre en place, en ordre, notre visée commune; de remonter au vent, et de virer de bord, contrant le glissement possible vers le chaos là où tout fait sens et rien ne fait sens.

Or, le socialisme semble souffrir de la mondialisation. Comme si l’internationalisme n’avait pas pu, ne pouvait pas arrtiver à penser le monde sans la nation. Ça c’est le comble!

L’écologie dans sa bonne pente par exemple, pe(a)nse notre terre; la sortir des griffes des marchés permettrait sans doute de déplacer la lutte infinie et épuisante contre les marchés noirs mondiaux.

Encore faut-il penser !! Encore faut-il créer, inventer, et non seulement gérer, compter, économiser…Je l’ai déjà dit, ce rapport anal à l’argent est sans doute le plus générateur  d’angoisse (et signe d’angoisse aussi).  On voit bien comment chacun dans nos sociétés compense par  la consommation impulsive d’objets et de technologies (même ceux qui n’y ont pas accès ne rêvent que de ça). Avoir hélas, plutôt qu’être. Hommes-machines Hommes pulsionnels insatisfaits bien sûr, dont la parole ne viendrait plus dire, mais seulement faire signe du malaise.

Ajoutons enfin les déferlantes médiatiques ad nauseum qui tout à la fois génèrent et créent la Jouissance morbide, mortelle, malodorante. Les journalistes diseurs de « mauvaise » aventure, comme des   romanichels ratés, sont partout. Le pouvoir de l’image qui serait comme la vérité, on lève le voile, on enlève, il n’y a rien qu’un leurre. Si l’image devient l’étalon de la vérité et si le mot n’a plus de confiance, parce que sa polysémie file à l’infini, et que l’on peut s’en servir comme un passe-partout sans valeur référentielle, (ainsi de l’usage systématisé du retournement conceptuel et langagier par les mouvements intégristes racistes etc..), alors c’est la psychose généralisée open sur le passage à l’acte violent, persécuté/ persécutant. La télévision, où tout est raccourci, compressé, condensé, décomplexifie. Dans tous les domaines, le formatage médiatique et sondagier a une grande part  de responsabilité  quant à l’abêtissement, la frilosité, et le « poujadisme » très répandus dans notre beau pays. A lot of shit.

Voilà… De fil en aiguille, presque Rien ne vient résonner, sinon mes colères parfois, mes insupportables de ce qui ne se fait pas, de ce qui ne se dit pas, et surtout de ce qui n’a rien à voir avec une vision généreuse et socialiste de l’humanité.

Ouvrons nos portes, écoutons nos penseurs, nos chercheurs, nos poètes, plutôt que nos ministres intérieur budgétaire.. Laissons la jeunesse errer, chercher, souffrir parfois, bref respirer sans censeurs et sans thérapie orthopédique. Acceptons chaque-un avec sa folie possible, sa création, sa dérive, si elle n’est pas malveillante, ne retournons pas à « surveiller et punir », laissons les religions à leur place, toute leur place, mais seulement leur place, ne laissons pas le monde se faire dévorer pas l’ogre spéculatif et les intégrismes. Messieurs et Dames responsables de nos communautés humaines, battez-vous sans relâche contre ce cancer, cette gangrène qui ruine notre terre et notre humanité. Pas un jour vous ne devez l’oublier!

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Le Président Hollande ce 31 décembre 2013 nous parle entre autres d’audace, invention, innovation,  création, avec des accents ségoléniens…topons-la. « Rien n’est pire que le dénigrement de soi.. » dit-il avec raison. « La France est une promesse », tenons-la, chacun, de sa place, respectueusement, lucidement, mais pas sans l’autre. Le politique ne peut pas tout, même s’il doit faire lien, chacun doit prendre sa part.

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Enfin vers 2014.. ces mots d’Ariane Mnouchkine, utopie nécessaire, en forme de destin…

« Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient. »

 

© evah5