story-telling


Captifs, fascinés, bien sûr, par l’Evènement-Sofitel, mais de façon plus générale et régulière, captifs, fascinés de toute façon, par une chose ou l’autre, construction scopique permanente, nouage de la jouissance scopique au discours croyant, schize entre Réel et Mythe; construction Imaginaire du mythe, de l’histoire à nous faire gober, comme des oies gavées, en boucle. Voilà quels sont d’une certaine façon les ressorts de l’Evènement-Sofitel, et de sa suite. Plus irréel a été construit ce personnage (sans même qu’il ait encore dit quoi que ce soit d’un acte de candidature ou d’un programme), déjà Président!, plus dure la chute pour lui-même et pour tous les « croyants médiatiques ». Pourtant, Humain trop Humain, n’échappant pas à son destin quelle que soit l’issue judiciaire et son « récit » de vérité.

Mais le “mauvais” roman était déjà écrit. Cela n’est pas grave « the show must go on »; story telling direct. Deux Signifiants « envie/ légitimité » sortent du chapeau, « le duel », (Hollande/Aubry), ouf! la scène est construite, les journalistes, les politologues ( !) répètent en boucle tous la même chose, la même phrase, la même pensée, (le tout sauf Hollande leur plaît bien aussi), jusqu’à nous étourdir, jusqu’à (pour moi en tout cas) la nausée. En ont-ils conscience?

Pensée unique, totalitaire, soumise au marché qui veut faire son gain sur la propagande, si bien relayé par presque tous, hommes pour la plupart, (mais être femme n’est pas une garantie). Ceux-là qui écrivent jour après jour des mauvais romans. Construction médiatique, dictature; logique comportementaliste en pleine influence sur toute la société française et la politique française, nous y sommes.

Pourtant entre l’une, Aubry, qui ne sait toujours qu’au dernier moment se décider (c’est pas grave, on va psychologiser que c’est sa façon d’être etc..) et l’autre, Hollande, qui a l’envie depuis si longtemps (l’envie hein, pas le désir n’est-ce pas, attention, trop connoté), comment pourrait-on laisser de la place à l’Autre, qui est libre, qui invente, qui parle côté sujet?

Pas conforme, pas dans le moule. Pas existante donc. Ne rapporte pas. Ne se plie pas à ça, a même beaucoup critiqué les sondages, continue à ne pas trop y croire. Comment ose-t-elle? Tant pis si elle rassemble du monde partout où elle va, tant pis si ses propositions sont fondées et déjà expérimentées pour certaines, non, ça ne marche pas; ça ne fait pas marcher le marché.

On peut bien sûr se demander : qui tire les ficelles ? Certes les combats politiques sont sans merci, les machines de guerre de la com’ et des puissants sont actives, les collusions, conflits d’intérêt et autres copinages et corporatismes sont vaillants, de tout bord d’ailleurs, cela ne suffit cependant pas à mon sens pour éclairer ce déchaînement de récits assénés comme des vérités à « gober ».

Royal a bien fait d’évoquer le concept freudien de compulsion de répétition.

Certes la vérité a structure de fiction (Lacan), mais elle est du discours, pour chacun, là où surgit la pulsion (c’est ce dont nous parlons).

La grande bouche dévorante du capitalisme-spectacle est au travail et nous sommes sommés de marcher et penser droit. On nous donne le programme et nous sommes contraints de l’éxécuter. Oui cela s’appelle à la fois le capitalisme et le comportementalisme (Pavlov vous vous souvenez ?). Il faut que ça marche, que ça ne laisse pas de manque dans lequel le sujet pourrait trouver à dire (on retrouve ça dans toutes tes thérapies comportementales).C’est la pente actuelle dans toutes les sciences dites humaines, à mille lieux d’une éthique orientée par la psychanalyse, qui n’est pas seulement une clinique, mais aussi un mode d’être qui laisse  libre le champ de l’être dans toutes ses différences et ses inventions, au coeur du sujet.