Présumé(e)


A propos de cette affreuse histoire qui survient entre M. Strauss-Kahn et une jeune femme américaine dans un hôtel à Manhattan. Des conséquences dramatiques pour elle, pour lui, pour les familles, mais aussi pour les gauches, pour la France etc..

Innocent, forcément innocent, bien sûr présomption à respecter; cependant s’il y a une victime pour l’instant en tant que telle, une présumée victime, c’est bien cette jeune femme.

Pourtant il n’y a pour l’instant ici et là qu’une seule version sur laquelle on s’appuie en France, faisant fi de l’accusation, ce qui nous montre bien s’il en était encore besoin comment ça marche là  dans l’inconscient : hétérosexué, phallocentré (même chez des personnes pour lesquelles j’ai le plus profond respect et qui devraient savoir garder leurs distances avec cet emballement et cette version « unique »). Cela n’est guère rassurant sur la façon dont peut être accueillie la vérité d’une femme violée  dans n’importe quel commissariat et aussi dans beaucoup des têtes bien pensantes. Quel poids pèse donc la parole d’une femme?

Bien sûr amour, amitié, camaraderie, tout ce qui nous fait humain et partie prenante  nous fait soutien subjectif. Pourtant ce ne sont pas forcément les plus proches qui sont le plus  au fait des secrets de chacun.  La vérité intime ne peut parfois se dire que dans le secret d’un cabinet. Tout homme est faillible, toujours.

Mme Sinclair a demandé décence et retenue. Il y a  pourtant  beaucoup d’indécence ces temps-ci chez certains socialistes, ne daignant même pas dire un mot sur cette jeune femme comme si l’affaire était dores et déjà tranchée. Ceux-là censés oeuvrer aux lois, à la défense de tous, censés combattre les injustices et les inégalités.

Il n’y eut d’ailleurs ces derniers temps que bien peu de retenue et de décence dans le matraquage incessant de sondages et de couvertures de magazines. Cela a plutôt probablement desservi M. Strauss-Kahn. Cet effet de sidération, dont « tout le monde » témoigne, a certainement été proportionnel à la sur-médiatisation qui  a eu lieu avec ses effets nocifs pour nous tous, en tout cas pour ceux qui souhaitent une autre pratique de la politique et du journalisme. (à ce propos lire « L’étrange  omerta des media sur le cas DSK » Christophe Deloire, Le Monde du 17 mai: par exemple « ../une classe médiatique qui n’agit pas (rôle des politiques), ne cherche pas la vérité (rôle des journalistes), mais ratiocine. »).

S’il s’avérait que l’enquête confirme la thèse de la jeune femme on ne pourrait qu’entendre là un acte manqué et une faiblesse libidinale qui gagnerait à être traitée et analysée. Dans le cas contraire, tout de même (hormis la conspiration, thème que je pense  assez délirant mais aussi envisageable, ce qui alors ne le dédouane pas), il serait sage malgré tout que ce Monsieur ne se laisse pas si souvent rattraper par ce qui l’épingle.

Que la justice fasse son travail, que la  vérite éclate, c’est tout ce que nous pouvons souhaiter.