Pourquoi Ségolène Royal


Ségolène Royal, candidate à la primaire PS pour la présidentielle, le 3 juillet à

Ségolène Royal, candidate à la primaire PS pour la présidentielle, le 3 juillet à Aubervilliers (© AFP Thomas Samson)

La Chose Politique me concerne et ce depuis longtemps. Je suis parfois assez peinée, peinée et impuissante,  de voir des proches, amis, famille, collègues, pourtant de bonne éducation, pourtant « de gauche » depuis toujours, s’être comme un peu retirés des préoccupations collectives, et de l’avenir commun. Pas tous; certains. Certains autres, militants, ou bien « anarchistes » de 68 version « bobos », ou intellectuels sans trop de conviction, ou bien, plus anciens, résistants et habités par de belles idées et valeurs, pour lesquelles ils se battent encore, n’envisagent guère de venir participer aux primaires. L’argument toujours avancé est que ce n’est pas leur choix, le PS, même s’ils concèdent que sans doute le candidat du deuxième tour sera PS. Mais au fond le souhaitent-ils? Quant à Ségolène Royal pour laquelle ils ont voté en 2007 au second tour, ça c’est certain, ils n’ont de cesse pour beaucoup de se méfier d’elle, de la penser pas assez compétente, ou trop à droite, ça c’est le comble! ou peut-être pas assez conforme, pas assez « formatée » comme elle a pu le dire elle-même. Bref, quelque chose les dérange, toujours, il y a toujours un  » mais », ou un détournement du regard : madame Royal habillée de tous les fantasmes, attirante et dangereuse à la fois (voir infra « quoi qu’a dit »), cela qui est entretenu si violemment par les media, ironie permanente, dénigrement, inexactitude de ses actions, c’est le traitement qui lui est réservé. J’ajoute qu’hélas, ses petits camarades de gauche  ne lui font pas de cadeau; cela me paraît bien injuste, autant du côté des écolos, (quelle mauvaise foi!) que de la « gauche-gauche ».

Je n’ai guère l’art de convaincre mais je voudrais encore une fois dire à ma façon pourquoi depuis 2006, malgré parfois certains désaccords,  (il en faut) ou le regret  que certains domaines, plus proches de mes activités, ne soient guère abordés (santé, psychiatrie, accompagnement des adolescents pas seulement considéré sous l’angle ré-éducatif mais dans sa dimension de soin, notamment, voir ici un point de vue), sur le fond, pourquoi, pour moi, Madame Royal est une chance inespérée pour la France, un cadeau/agalma, ça y est je m’y mets aussi au fantasme de Pandora. Et que l’on ferait bien de ne pas passer à côté, cette fois-ci!

Madame Royal est la seule candidate qui présente une vision construite, argumentée, élaborée, loin de toute puissance d’argent et de media. Elle est effectivement la seule qui ose attaquer et critiquer réellement ce pouvoir sur des points très précis. Elle se bat pour l’écologie depuis très longtemps intelligemment (incitation et pas sanction), et pas parce que c’est dans l’air du temps. Elle a une audace bien différente de la social-démocratie molle et terne des autres candidats. D’où son appel au rassemblement plus large au deuxième tour; vous verrez d’ailleurs qu’ils feront tous cela. Ils font toujours comme elle après l’avoir critiquée. Je vous conseille l’excellent article de Konopnicki dans Marianne

Madame Royal  voit plus large que les appareils et elle a une conscience très aigüe des enjeux actuels nationaux et internationaux. Sa perspective est à la fois orientée sur le fond, par l’esprit du CNR et l’invention du futur : Etats-Unis d’Europe, croissance verte, lutte acharnée contre la spéculation financière par exemple; bien sûr on peut-être décontenancé, par les thèmes drapeau, encadrement militaire, mais il est important de chercher aussi à comprendre comment elle intervient de façon disons assez situationniste (ce qui n’est pas à confondre avec « opportuniste » sinon dans le bon sens du terme, le kaïros, le moment juste), saisissant sans cesse les leviers symboliques de l’action présente opportune, et cela sans perdre de vue le sens profond. C’est pourquoi elle est iconoclaste et n’hésite pas à bousculer les idéologies.

La « crise globale » doit « être l’occasion d’une métamorphose au sens qu’Edgar Morin donne à ce terme: se déprendre de ce qui a fait faillite et reconstruire sur de nouvelles bases, plus solides, plus créatives et plus justes, les conditions d’un avenir réellement commun » dit-elle en conclusion d’un excellent « petit » ouvrage de JF Macaire, « En route pour le vrai changement »  (Albi 2011), dont je vous recommande la lecture : vice- président du CR Poitou-Charentes, JF Macaire y brosse là les solutions, les initiatives,  et  les inventions dans cette région depuis la Présidence de Ségolène Royal. Comment ne pourrait-on pas avoir envie de faire bénéficier la Nation de cette belle entre prise? Voilà authentiquement un nouveau modèle politique! Pas seulement gestionnaire, mais nouant les solutions concrètes au sens profond du socialisme.

Je n’ose imaginer que que tout ce qu’elle apporte de profondément novateur est peut-être, hélas, trop novateur, pour qu’elle soit choisie par une France frileuse et rétrécie (de tous bords), et hélas je le pense, quelque peu  machiste. Alors comptons sur tous ceux qu’elle rencontre, qu’elle écoute, tous ceux qui savent dans l’expérience immédiate humaine de la rencontre, qu’ils viennent de croiser quelqu’un de sincère, de réfléchi, d’audacieux. Visionnaire est-ce trop dire? Quelqu’une  rare et précieuse pour nous tous.