Ce matin, une belle leçon de politique


On ne peut que remercier Madame Royal de la belle leçon de politique, et d’éthique, qu’elle a donnée ce matin dimanche 15 mai au micro d’ Elkabbach à Europe 1.

En effet, cet entretien « prévu depuis 20 jours » (dit M. Elkabbach) s’est transformé en un exercice de style aussi bien qu’un exercice d’authenticité, de rigueur et de grande sagesse politique, (« de courage » dit Elkabbach) puisque on venait tout juste d’apprendre les faits graves pour lesquels D. S-K, directeur du FMI et socialiste français, venait d’être inculpé à New-York.

Si quelqu’un doutait des qualités de femme d’état qui sont celles de Mme Royal, son intervention fut bien à cette hauteur là. Elle a rappelé d’emblée la présomption d’innocence, elle a aussi pensé à « l’homme » et sa famille, introduisant là tout de même un hiatus entre fonction publique et vie privée.Elle ne s’est à aucun moment départie de cette place de haute responsabilité respectueuse.

Surtout, ce qui me marque pour l’essentiel, c’est avec quelle clairvoyance mais aussi quelle habileté et constance tranquille, elle a su déjouer les nombreuses questions-piège des journalistes qui, sans cesse, revenaient à cet évènement; comment elle a su, malgré tout, faire entendre sa musique, son dire, sa passion de la politique pour les français, son souci des autres en somme.

Pas un seul agacement (et pourtant), pas une menace, pas un mépris pour les journalistes (et pourtant!); posée, déterminée, déjouant les amalgames (insconscients sans doute) ou les roueries (inconscientes elles ausssi), elle a dit et redit qu’il était sage d’attendre (les enquêtes, la justice, etc..). Elle a aussi, dans une éclairante parole, exposé son désir d’avenir pour la société et le peuple français. Il faut vraiment écouter cela avec attention, même si les évènements -graves- qui viennent de se produire vont envahir l’espace médiatique, et ainsi, encore une fois, squeezer le débat politique.

A ce propos et à l’occasion de cette collusion entre  -l’événement (qui touche au plus porteur du fantasme : sexe, violence, complot etc..) et -ce qu’elle venait dire de son projet et de sa vision, on a pu toucher du doigt comment les journalistes sont aveuglés, assourdis par tout évènement; comment ils s’engouffrent dans le présent et comment ils construisent à longueur de journée des fables, des romans, comment au fond tout ce qui fait la belle politique paraît dénuée d’intérêt pour eux: le spectacle, l’évènement, les bagarres entre personnes, voilà leur focale. Je ne sais trop  ce qui les anime, je ne les pense pas forcément tous mauvais, bien sûr la jouissance du voir, du « tout voir » du « tout savoir », du « tout dire », l’angoisse de ne pas être le premier à dire, la compétition, la rivalité (et pourtant ils disent tous la même chose) sont quelques-uns des éléments qui les font marcher. Mais cela ne suffit pas à expliquer. (j’y reviendrai).

Tout de même, j’ai été fort surprise de l’attitude respectueuse et d ‘une certaine conscientisation de J-P Elkabach à son égard.

Il est vrai que l’exercice était difficile. Il fut savamment mené. Merci.