2012/ Pas sans 2007


On ne peut écrire l’histoire politique récente de la gauche et du pays tout entier en ne mettant le projecteur que sur le succès de 1981 et l’échec de 2002, ainsi que l’a présenté F. Hollande au Bourget le 22 janvier 2012. Il y manque un terme. Je respecte bien sûr sa subjectivité, et son temps subjectif de l’Histoire, cela qui pour lui a fait signe et qui lui appartient de façon privée. Ce qui ne lui appartient pas, cependant, de façon publique, c’est d’ignorer ainsi la séquence 2007, et la candidate de l’époque, première femme de la 5ème République portant les valeurs du peuple de gauche, et atteignant le deuxième tour avec un score plus qu’honorable, d’autant qu’il venait à la suite de la défaite de 2002. Première femme à porter haut et clair pour beaucoup de Français une façon neuve de faire de la politique, pleine d’espoir. De cela il aurait été digne et élégant que quelque chose soit nommé  au Bourget, publiquement; qu’elle-même ait été nommée, que l’on ait pu reconnaître la dette collective à son égard. Que l’on évoque peut-être Charléty. Ce trou, cette omission, ce déni, dont j’ai souvent fait l’analyse, nous le retrouvons là mis en acte par F. Hollande. Sans doute n’a-t-il pas su, pas pu, c’est bien regrettable. Ou alors aurait-il fallu qu’il en passe par l’analyse de sa propre responsabilité (de son absence et de son silence) dans la campagne de 2007, aussi bien que lors de la tragique nuit du congrès de Reims. Sans doute cela reste inavouable, ou indicible. Mais l’Histoire s’écrira, cela est déjà en marche, la vérité se dit sur les divergences nuisibles entre le parti et la candidate, les empêchements, et bien d ‘autres choses. Dire cette vérité, pour une bonne part, reste pourtant à faire.

J’ai été choquée de cela, hier, voyant Madame Royal au premier rang  et j’ai pensé combien cela devait être difficile cette situation.* J’ai sur ce point une grande admiration pour sa constance; sa façon de traverser les épreuves.

Manque de classe vraiment  que ne pas mentionner cette belle « relevaille » de 2007, ne pas mentionner en quelques mots les erreurs partagées pour cette campagne de 2007 et aussi la dette collective à son endroit. D’autant qu’une oreille avertie a bien pu repérer les différents « emprunts » au programme socialiste bien sûr, mais aussi pour une bonne part aux idées ségolénistes, et c’est tant mieux. Même si ça flanchait un peu du côté de la « croissance verte » (on voit hélas le manque de conviction) et du côté d’une nomination plus présente et plus convaincue des questions propres aux femmes; l’égalité tout de même, la violence!

Enfin quelqu’un qui termine son discours en disant que « la France n’est pas un problème, c’est la solution », et qui donc fait résonner à sa façon une phrase tellement entendue dans la bouche de Ségolène Royal à propos de la jeunesse, celui-là devrait pouvoir utilement s’enrichir des claires pensées de Madame Royal, de sa détermination, et de sa haute valeur de femme d’Etat. Celui-là ne doit à aucun moment faire « l’impasse »  sur ce temps-là, sans lequel il n’y pas 2012. 

 

*ayant mis en chantier ce billet dimanche soir j’ai pris connaissance de la réaction de S. Royal lundi matin (Canal+) :

« Peut-être que si la dynamique est là aujourd’hui, c’est parce qu’il y a eu des étapes précédentes, notamment qui ont reposé un certain nombre de principes comme la reconquête du drapeau français, la nation, la sécurité ». « Toutes ces questions-là, il ne faut pas les zapper. Il ne faut effacer personne de l’histoire parce que c’est une histoire collective », a demandé Mme Royal…

et du nouvelobs « Hollande et l’impasse Ségolène »